« ENORA » : partout les fantômes


Titulaire d’un DESS de psychologie et rompu à la fouille des méandres de l’esprit humain, Thierry Bourcy écrit pour la télévision et le cinéma depuis 1985, sont parcours étant jalonné de collaboration avec Georges Lautner, Laurent Heynemann, Jean-Claude Brialy, Jean-Louis Lorenzi… Il est également réalisateur de courts-métrages de fiction et de films documentaires, auteur de théâtre, de romans historiques, de chansons, de BD… Il est enfin producteur depuis 2017 au sein d’Abordage Films. En 2023, il crée la société Black Ocean pour produire son premier long-métrage, « Enora ».

C’est l’aventure qu’il nous raconte dans l’exercice des trois questions…


Films en Bretagne : Enora est ton premier long-métrage que tu as écris et réalisé, peux-tu nous parler de la genèse du film et de la manière dont il s’est fabriqué ? Je crois savoir que tu as un goût spécifique pour le cinéma de genre…si tu peux nous en parler…

Thierry Bourcy : Le cinéma de genre (westerns, policiers, comédies, fantastique…) est à l’origine de ma passion du cinéma, quand j’allais avec mon père au Celtic à Ploërmel. J’ai imaginé « Enora » alors que j’habitais une vieille longère dans la campagne morbihannaise, près de Pluvigner. Le lieu m’a inspiré cette histoire de fantôme qui s’est écrite plutôt facilement. J’ai d’ailleurs tourné chez mes anciens voisins. Pour réunir le très modeste financement du film, j’ai d’abord été aidé par un réalisateur-acteur rencontré dans un festival de films d’humour, et qui a mis 20% du budget. Ça a été le déclic, j’ai alors créé avec 5 passionnés de cinéma une société de production, Black Ocean, au sein de laquelle nous avons pu réunir les 80 % restant. La comédienne Joy Esther (« Mes chers voisins »), qui porte le film, a immédiatement donné son accord, et j’ai complété le casting en prenant dès que possible des acteurs bretons, parmi lesquels Nolwenn Korbell. Nous avons tourné en 4 semaines dans le pays d’Auray, la lumière a été assurée par Pascal Caubère (« Le cœur des hommes ») avec qui j’avais déjà travaillé sur un court-métrage et sur un documentaire pour TV-Breizh.

Films en Bretagne : Avant ce long-métrage, tu as écrit et tourné beaucoup de courts-métrages. Comment se fait ce passage du court au long-métrage ?
Quel plaisir et quelle(s) difficulté(s) as-tu rencontré ? 

Thierry Bourcy : Mon 1er court, « La rose de Paracelse » (1985) a été sélectionné à Cannes, Prades et Clermont-Ferrand. C’était un bon début, et je désirais continuer à réaliser quand, au même moment, la productrice Mag Bodard m’a commandé l’écriture de 9 épisodes de 52 mn pour la télévision. Je suis donc devenu scénariste, et c’est seulement 8 ans plus tard que j’ai réalisé un 2ème court. Je devais enchaîner sur une comédie en long-métrage, mais le projet a capoté. À plusieurs reprises ensuite, j’ai démarré des projets de longs-métrages, sans succès. En 2015, j’ai obtenu l’aide à l’écriture du FACCA et j’ai développé, en co-écriture avec Nicolas Mathieu, un scénario de long qui a intéressé un producteur breton. J’ai commencé le casting mais ce producteur a jugé plus opportun de me remplacer par une jeune réalisatrice. J’ai repris alors un scénario que j’avais écrit quelques années auparavant et, grâce à l’aide de mes associés au sein de la société Black Ocean, j’ai enfin tourné mon premier long, avec un tout petit budget. Ce fut une belle aventure, préparée avec soin, sans difficulté particulière. Le soleil breton nous a bien servi et les gens du pays d’Auray ont été d’une grande gentillesse.

 

Films en Bretagne :  Comment envisages-tu la suite par rapport à la diffusion du film ? As-tu d’autres projets qui vont suivre ? 

Thierry Bourcy : Nous avons tourné « Enora » sans avoir de distributeur, et je me doute qu’il ne sera pas facile de trouver même une petite place sur les écrans français. Mais nous allons nous battre, encouragés par une première sélection dans un festival étranger. « Enora » sera également diffusé le 12 août à 16 h à l’auditorium Saint-Louis à Lorient, dans le cadre du Festival Interceltique. J’espère aussi qu’un film de genre comme celui-là éveillera l’intérêt d’une chaîne de télé, ainsi que d’une plate-forme. J’ai actuellement un projet de court-métrage, encore une histoire de fantôme, et un polar en long-métrage. Mais j’ai aussi repris ma casquette de producteur pour produire le second film du Finistérien Alain Minier, un formidable film noir avec Olivier Marchal et Rod Paradot.

propos recueillis par Lubna Beautemps pour Films en Bretagne, avril 2024

Le film

synopsis : Une réalisatrice de films documentaires se retire quelques temps dans une ferme isolée. Elle découvre que la maison est hantée par le fantôme d’une jeune femme, Enora.

Fiction 85 minutes © Black Ocean 2024

Avec Joy ESTHER, Nolwenn Korbell

 

Sélection Bavarian International Film Festival 2024
Meilleur long-métrage Festival international du film indépendant de Florence 2024

La bande annonce du film Enora est visible ICI