Thème de la deuxième édition de Hors-Format, « Le souffle de la nature » va se répandre sur le théâtre rennais de la Parcheminerie du 27 au 30 septembre prochain. Organisée par Comptoir du Doc, la manifestation propose de découvrir des documentaires qui décloisonnent les genres et qui sont tous présentés en exclusivité rennaise.
Avec des titres comme Bovines ou Bestiaire, on pourrait penser que cette nouvelle édition de Hors-Format est consacrée au documentaire animalier. S’il y a bien des vaches dans le film d’Emmanuel Gras et des animaux de zoo dans celui du Québécois Denis Côté, l’approche des deux réalisateurs décale délibérément le genre et montre qu’il y a d’autres manières de filmer la nature et l’animal. Lors de la présentation de Bestiaire au festival Sundance en janvier dernier, une spectatrice a lancé au cinéaste : « Votre film n’est pas un film sur les animaux, c’est plutôt un film sur la place du spectateur au cinéma ». Voilà qui donne le ton de cette nouvelle édition de Hors-Format.
« Les films que nous proposons questionnent en effet le regard du spectateur et lui demandent d’être actif. Ils n’offrent pas de réponse univoque. Chacun peut donc se projeter dans l’histoire », souligne Emmanuelle Lacosse, en charge de cette programmation avec Célia Penfornis, au sein de Comptoir du Doc. Ce qui distingue également ces films, ce sont leurs modes de financement et de diffusion. Aucun n’a été produit par la télévision, quelques-uns pour le cinéma, la plupart d’entre eux provenant du circuit des galeries, des musées ou des résidences artistiques.
« Cette programmation met en avant la multidisciplinarité du genre « cinéma ». Les écoles suisse, belge et chinoise, par exemple, forment leurs étudiants à la fois à la photo, la vidéo, la fiction, le documentaire ou la danse. Hors-Format rend compte de cet élan, qui ouvre de nouvelles voies et décloisonne. Pour moi, c’est ça l’avenir du documentaire », explique Emmanuelle Lacosse. Et de citer, parmi les films proposés, River rites de Ben Russell qui est documentariste, réalisateur de films expérimentaux et musicien.
Du fait de leur statut d’objets artistiques, se procurer ces films a coûté plus cher. Conséquence directe : Comptoir du Doc n’a pu financer la venue que d’un réalisateur. « Du coup, l’association envisage d’aller chercher des partenariats du côté des arts plastiques. Il va, en tout cas, falloir trouver des financements complémentaires pour rendre possible une troisième édition », précise Célia Penfornis. Et pour boucler le deuxième Hors-Format, Comptoir du Doc a lancé une souscription sur la plateforme communautaire KissKissBankBank en espérant collecter 1000 euros.
Cette année, Comptoir du Doc a invité deux associations rennaises. Treiz, spécialiste du Super 8 et du 16 mm, viendra avec une sélection de films, projetés – cela va de soi – par un projecteur idoine. Les Champs photographiques présenteront leur diaporama Les voies maritimes. L’accent sera mis sur la création sonore avec une rencontre autour de l’essai filmé Comme des lions de pierre à l’entrée de la nuit. Elle sera animée par Olivier Zuchuat, le réalisateur de ce film, et l’ingénieur du son Frédéric Hamelin autour du travail de la voix, du montage des ambiances, de la prise en compte du son par la production. Ce rendez-vous a été mis en place avec le concours de Films en Bretagne. Et pour prolonger la réflexion, les visiteurs pourront faire un voyage sonore grâce à une sélection de documentaires dont En quête de terre de Sonia Ringoot, prix Pierre Schaeffer 2011, qui raconte l’histoire de cultivateurs flamands venus s’installer en Normandie pendant la première moitié du XXème siècle.
A la croisée de plusieurs disciplines, entre les films montrés en salle et les diffusions en continu dans les loges, ce nouveau Hors-Format sort, une fois encore, des sentiers battus et propose de riches réflexions à tous ceux qui ont envie de rafraîchir leur regard.
Nathalie Marcault
Photo : Bestiaire du Québécois Denis Côté