Samedi 28 juin, nous avons appris avec tristesse la brutale disparition de Jean-François Maître, ingénieur du son et réalisateur de documentaires ligérien. Ses amis et collaborateurs lui rendent hommage.
Pour évoquer le parcours de Jean-François Maître, dit Jeff, on se dit qu’il va falloir creuser… Arpenter un chemin à l’image du bonhomme : divers, curieux voir un peu chaotique, mais qui devient évident lorsqu’il se présente lui-même à nous : « Avant, c’était Pythagore et une maîtrise de maths, après, Zola et un DEA de Lettres Modernes ; le tout, c’était pour apprendre, toujours apprendre. Des voyages un peu partout, surtout dans le quartier, du moment qu’on y passe la frontière », écrivit Jean-François il y a quelques années. Bref des chiffres, des lettres mais surtout du son.
En 1995, Jeff rejoint la radio Jet FM et développe son militantisme sonore au travers d’émissions comme L’œil aux aguets et Histoires d’Ondes. Il intègre ensuite la première promo du département Infocom de l’Université de Nantes et participe, en 1998, à la création de radio Prun’ en diffusant une semaine d’émissions depuis le campus dans un bus de la Tan sur les ondes d’Alternantes.
Puis les collaborations radiophoniques s’enchaînent, ses créations sonores, en particulier documentaires, s’exposent ainsi sur les ondes de Radio France, des radios associatives dans toute la France, dont la toujours fidèle Jet FM avec notamment des chroniques pour l’émission cinéma Travelling Avant. Un apprentissage qui le conduira même en Roumanie (Delta RFI Bucarest, CD Radio Napoca), loin de ses terres ligériennes.
C’est l’oreille aiguisée qu’il tente alors une nouvelle aventure. Comme à chaque fois, l’occasion fait le larron et sa rencontre avec Régis Noël, jeune créateur des Films du balibari, va propulser Jean-François dans le monde audiovisuel. À la perche ou derrière la console, il collabore avec des réalisateurs comme Cédric Mané, Lisa Diaz, Mickael Hamon, Pascal Rabaté, Sylvia Guillet ou encore le compère de toujours Régis Noël. « Jeff » sera même co-réalisateur de deux films : 100Km d’écart avec Lisa Diaz ou Come on people avec Julien Bossé. Et il a nourri toutes ces aventures de sa générosité, de ses coups de gueules légendaires, de sa bougonnerie joyeuse et surtout de la chaleur de son amitié.
Diplomate, il l’était un peu moins quand il fallait se frotter aux injustices, aux aberrations de notre société, à la précarisation de son métier… Ses cris d’alerte résonnent encore bien fort dans les diverses instances nationales, régionales, départementales. Des alertes ou plutôt une ALRT, acronyme d’Association Ligérienne des Réalisateurs et Techniciens qu’il a fondé en 2005 puis présidé.
Jean-François Maître s’est battu bec et ongle pour réclamer plus de moyens à la Région Pays de la Loire. Des moyens pour attirer les productions, pour tisser un réseau local de professionnels, pour faire vivre les métiers de l’image et du son… Il était de tous les combats, et récemment l’un des principaux moteurs de la jeune Plateforme Audiovisuelle et Cinéma en Pays de la Loire.
Avant de partir si vite, trop vite, Jean-François se lançait encore dans une autre aventure. Il venait de créer Les docks du film, une entreprise de location et de prestation technique pour le cinéma et l’audiovisuel, avec quelques amis, pour continuer de structurer la filière audiovisuelle en Pays de la Loire.