Véronique Canezza est décoratrice en animation 2D et cheffe décoratrice. Investie dès le début de l’aventure FLEE, film multiprimé du danois Jonas Poher Rasmussen (coproduit par Sun Creature, Final cut for real et Vivement Lundi), elle a supervisé à Rennes l’équipe déco, chargée de coloriser tous les décors dans lesquels Amin évolue pour raconter son histoire. Celle d’un Afghan qui a dû fuir son pays à la fin des années 80 alors qu’il n’était qu’un enfant.
FLEE sort en salles le 24 août 2022 et est diffusé sur Arte le 30 mai 2022.
Quel est votre parcours ?
Je suis sortie de l’école des Gobelins en 1998. Cela fera bientôt 24 ans que je suis décoratrice pour l’animation, et la grande majorité de mon travail est consacré au décor d’animation 2D. J’ai travaillé quelques années à Paris, chez Je suis bien content Productions, entre autres, et quand j’ai décidé de m’installer à Rennes je suis entrée en contact avec Isabelle Lenoble avec qui j’avais fait les Gobelins. Elle recherchait une décoratrice pour le projet Pok&Mok (série de 78 x 7’ écrite avec Érik Zilliox) et c’est comme ça que j’ai commencé à travailler chez Vivement Lundi ! dès 2011.
Comment s’est articulé votre travail de décoration sur Flee ?
J’avais quelques expériences comme cheffe d’équipe auparavant mais ça a été ma première sur un long métrage. En tant que cheffe décoratrice, avec mon équipe nous avons travaillé sur tous les décors : les Masters.
Il y avait deux étapes pour ces décors. Tout d’abord celle du layout, autrement dit le dessin au trait. À partir des croquis et des cadres du storyboard, le décor est redessiné.
Ensuite est intervenue l’équipe couleur dont j’avais la charge. Nous avons colorisé tous les décors avec Photoshop. C’est un peu comme de la peinture, mais sur ordinateur.
Toutes les équipes de création de Flee ont vu l’animatique, la version brute du résultat final, avec des animations sommaires du storyboard avec sons, mouvements de caméra, les principes de transition, le timing… avant de commencer le travail.
Les 2/3 de mon temps je préparais tous les décors principaux en plans larges (masters background) pour qu’ensuite l’équipe de décorateurs puissent les utiliser comme références et ainsi réaliser toutes les déclinaisons, pour les plans plus serrés, pour ceux dans lesquels la caméra se déplace… Ils ont ainsi l’ambiance de chaque lieu comme base pour travailler.
Le tiers restant, je répartissais le travail entre chaque décorateur et je m’assurais que le style et la gamme de couleurs étaient bien respectés avant d’envoyer le résultat à la directrice artistique, Jess Nicholls, et au réalisateur, Jonas Poher Rasmussen.
La difficulté pour un décorateur est de veiller à l’uniformisation de l’ensemble. On ne doit pas (sa)voir à la fin qui a fait quoi.
Colorisation background : du storyboard à la couleur
Comment s’est articulé le travail de préparation ? Combien de temps cela a-t-il duré ?
J’ai commencé en novembre 2018 avant que la production ne démarre vraiment. Pendant environ deux mois, j’ai travaillé sur les personnages. La directrice artistique et le réalisateur avaient défini les personnages principaux, les secondaires, les foules…. créés et dessinés par Kenneth Ladekjaer.
Après beaucoup d’échanges avec la directrice artistique, je suis passée à la phase de recherche pour me renseigner sur les teintes des vêtements.
Les actions se passent au début des années 80, jusqu’à aujourd’hui. J’ai fouillé sur le net, regardé des photos, des vidéos pour trouver des images de la vie à Kaboul, pour connaître la mode, pour savoir comment les gens étaient habillés à l’époque.
Dans les années 70-80 les femmes s’habillaient en jean, elles étaient beaucoup plus libres qu’aujourd’hui… J’ai beaucoup aimé cette phase de recherche.
Une fois les teintes choisies et validées, coloriser les personnages est assez rapide à faire.
Pour les décors, Jess avait préparé une banque de photos. Nous avions beaucoup de documents sur Kaboul ou sur Moscou. Nous nous sommes basées sur ces images pour reproduire le côté un peu « cassé » de Kaboul. Nous avons scruté les murs, les fissures, les pierres, les fils, les antennes, le crépi.
Plein de petits détails que l’on a rajouté dans le décor et qui ne se voient peut-être pas forcément quand on regarde le film. C’est tout cela qui donne un effet de réel.
Dans l’appartement de Jonas, certains détails comme les fixations aux fenêtres sont typiquement Danoises, il n’y a pas la même chose en France.
On dit toujours dans notre métier que le décor, s’il est bien fait, ne doit pas accrocher l’oeil.
Avec mon équipe nous avons travaillé jusqu’en octobre 2019.
Le compositing a dû se terminer en janvier 2020.
Quelle est la part de créativité dans votre travail ?
Il n’y a pas un côté hyper créatif étant donné que le style était déjà défini. Les teintes et le layout sur lesquels je me suis basée et qui apportent le style et la cohérence du tout, ont été préparés par Leïla Courtillon, cheffe layout.
Leïla avait choisi avec Jess deux ou trois décors en couleur pour définir le style graphique avant que ne commence mon travail.
Quant aux couleurs des décors, définies par le color-script qui se présente sous forme de vignettes de teintes pour définir l’ambiance de chaque lieu, elles avaient été choisies par Jess, en accord avec Jonas. C’est donc elle, en tant que directrice artistique, qui met son style, son supplément d’âme.
Ma petite part de créativité s’est faite au niveau des propositions résultant du travail de recherche en amont.
A quelle étape avez-vous eu un lien direct avec le réalisateur ?
Au tout début de la production, pour la mise en route, ils ont passé une semaine tous les deux à Rennes, c’est là j’ai eu quelques contacts avec le réalisateur. Il s’asseyait à côté de moi pour régler certaines ambiances. Il me précisait des nuances, pour rester fidèle à la réalité. Pour être au plus proche de son souvenir. On voit d’ailleurs son appartement dans le film.
Cette histoire le touche personnellement puisqu’il l’a vécue, en tant qu’ami d’Amin.
Est-ce que la couleur crée les émotions ?
Toute la partie qui se déroule dans Kaboul, quand Amin est enfant, les couleurs sont chaudes, joyeuses et lumineuses. Plus tard quand la guerre éclate, nous avons beaucoup dé-saturé les couleurs sur les mêmes décors que ceux de l’enfance. Pour toutes les scènes dans l’appartement de Moscou, nous avons utilisé des teintes très grises. Ce n’est pas joyeux comme couleur…
La cuisine aussi change de couleur quand le personnage est enfant, et quand la scène se déroule en période de guerre. La désaturation des couleurs caractérise ces deux périodes différentes.
L’ambiance et l’émotion que cela suscite ne sont pas du tout les mêmes.
Flee est un documentaire où l’animation parle du réel. Que pensez-vous de l’utilisation de l’animation sur ce type de projet ?
Tout de suite quand j’ai vu l’animatique à l’automne 2018, le sujet m’a touché.
C’était déjà fort dès ce croquis animé fait de dessins noir et blanc et d’images d’archives rajoutées. Les documentaires animés traitent de sujets forts en général. Et cela me faisait un peu penser à des films comme Valse avec Bashir.
L’animation est un support très intéressant pour raconter des histoires. Pour mettre en image celles dont on ne dispose pas. Par exemple pour l’histoire de Flee, Amin et sa famille souhaitaient rester anonymes. Avec l’animation on peut tout montrer.
J’avais déjà travaillé sur du documentaire animé Juifs et musulmans, si loin, si proche (de Karim Miské 4 x 52’) coproduit par La Cie des Phares et Balises et Vivement Lundi !. Cela racontait le rapport entre les juifs et les musulmans à travers l’Histoire, depuis la révélation de Mahomet jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Et il n’y avait pas d’images d’archives accessibles. Les animations étaient entrecoupées d’entretiens avec des historiens en prises de vue réelles.
L’animation est souvent perçue comme un style pour les enfants. Pour moi c’est un support, un moyen pour raconter les histoires, et ce n’est vraiment pas que pour les enfants !
Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu le film abouti sur grand écran ?
Je travaille pas mal sur des séries télé donc les projections sur grand écran sont rares. Cela a été très émouvant de voir Flee sur grand écran.
J’ai eu tendance à regarder les petits défauts. Déformation professionnelle ! Je me suis dit : « Ça j’aurais peut-être dû le faire autrement ! ». Aussi j’ai découvert sur certains plans que pour donner de la profondeur au décor, l’image avait été floutée. Des décors sur lesquels j’ai passé des heures ! C’est comme ça.
Mais malgré tout à la projection, je me suis laissée embarquer par le film, les émotions.
Sur quel projet travaillez vous aujourd’hui ?
Actuellement je travaille sur une série, coproduite avec Sun créature, la société de production danoise de Flee, qui s’appelle La quête héroïque du valeureux Prince Ivandoe, pour Cartoon Network. Une série qui comprend 40 épisodes de 11 minutes.
Personne n’est parfait ! est prestataire sur cette série. Le studio gère tout ce qui est layout, colorisation des décors et compositing, comme sur Flee.
Nous sommes nombreux à réaliser cette série. Je travaille à plein temps sur ce projet depuis plus d’un an. J’ai commencé en janvier 2021, et réalise les décors jusqu’en juillet 2022. C’est la première fois que j’ai un contrat aussi long. Mais je ne suis pas lassée ! À chaque épisode il y a des lieux différents, ce n’est pas monotone.
Avez-vous des projets personnels en animation ?
Non pas du tout, je suis principalement technicienne. Mais on me pose souvent la question !
J’étais assistante-réalisateur une fois sur un projet. Cette expérience m’a donné plus de part de créativité. C’était sur Juifs et musulmans dont je vous ai parlé tout à l’heure.
Des recherches graphiques avaient été faites, et le réalisateur voulait que le style évolue en fonction du temps qui passe. J’ai fait toutes les recherches ainsi que la direction artistique du projet.
J’ai aussi travaillé sur Le Quatuor à cornes avec Benjamin Botella qui lui, souvent, donne beaucoup de marge de propositions. Nous avons fait des recherches ensemble, il y a un échange, et une part créative importante.
J’ai beaucoup aimé la part artistique sur ces projets.
Propos recueillis par Cécile Pélian – Films en Bretagne
février 2022
Sylvain Lorent – Chef compositing
Lors du compositing nous récupérons tous les éléments des différents départements. L’animation arrive d’un côté, les décors de l’autre.
Notre travail est de mélanger tout ça et de rajouter des lumières, des ombres, sur les personnages, les décors, les objets, pour faire vivre l’image. Nous ajoutons les lueurs supplémentaires pour créer le mouvement dans l’image finale. Tout ce qui fait vivre les scènes, et qui n’est pas créé par l’animation, tout ce qui s’incruste dans la couleur pour donner vie, c’est notre travail. L’équipe réalise aussi tous les effets de caméra, les effets spéciaux. Par exemple créer le feu ou la fumée est souvent fait au compositing.
Comme Flee est un documentaire, nous avons travaillé au plus proche du réel. C’est un film contemplatif dans ses décors.
Sur une série animée comme La quête héroïque du Prince Vaillant Ivandoe, ce ne sont pas les mêmes échelles de temps, et de traitements. Ce ne sont pas les mêmes recherches.
Nous suivons toutes les références données par la direction artistique pour arriver au résultat espéré par le réalisateur. Sur certains compositing, on nous demande de flouter les éléments, sur d’autres d’assumer complètement les détails qui ne sont pas forcément nets. Il y a plein de cas spécifiques où l’on doit s’adapter, trouver comment répondre au projet, faire des propositions.
Si nous faisons bien notre travail, on ne le voit pas. Les spectateurs vont juste regarder l’histoire. Nous sommes les travailleurs de l’ombre, c’est le cas de le dire !
Liste technique FLEE
Réalisé par : Jonas Poher Rasmussen
Direction artistique : Jess Nicholls
Direction d’animation : Kenneth Ladekjær
Basé sur le développement artistique de : Guillaume Dousse
Scénario original : Jonas Poher Rasmussen & Amin
Chef Storyboard : Kenneth Ladekjær
Storyboard : Mads Juul, Ben Marsaud, Xavier Ramonède
Colourscript artiste : Tristan Ménard, Simon Lee, Birk von Brockdorff
Design personnages : Mikkel Sommer, Kenneth Ladekjær
Cheffe couleur personnages : Véronique Canezza
Design accessoires : Birk von Brockdorff, Kenneth Ladekjær
Design décors : Cécile Guillard, Fanny Hagdahl Sorebo
Conception graphique et storyboard des séquences mémoire : Simon Rouby
Chef animateur des séquences mémoire : Gilles Cuvelier
Animateur des séquences mémoire : Angel Binard, Thibaud Petitpas
Cheffe layout décors : Leïla Courtillon
Layout décors : Vincent Chassé, Gaëlle Diot, Cécilia Gin, Julien Leconte, Birk von Brockdorff
Cheffe couleur décors : Véronique Canezza
Décoratrices : Maëlle Bossard, Gaëlle Diot, Raphaële Forêt, Amandine Gallerand, Cécilia Gin, Rune Faurholt, Bjerre Hansen
Assistées de Marie Clerc
Superviseurs animation : Erik Schmidt, Stine Marie Buhl
Animation : Andrei Sitari, Cyrille Chauvin, Ilan Wexiø Hatukah, Michael Helmuth Hansen, Nathan Otaño, Pierre Rütz, Laura Büchert Schjødt, Mette Ilene Holmriis, Pernille Kjaer, Thibaud Petitpas
Assités de : Edward Kurczewski, Ugo Offner
Animation des lumières : Angel Binard, Coline Durtschi-Guillemot, Julia Martinez
Animation FX : Théo Boubounelle
Chef clean animation : Kay Sales
Clean animation : Anna Šagadin, Anne Birk Petersen, Denis Chapon, Heidi Holmeå Christiansen, Joanna Boyle, Karsten Kjærulf-Hoop, Laura Büchert Schjødt, Maria Sandvig Nielsen, Mette Ilene Holmriis, Pedro Ivo Carvalho de Araujo Silva, Pernille Kjaer, Sarah Nielsen
Cheffe colorisation : Zoé Harley
Colorisation : Coline Durtschi-Guillemot, Denis Fleurion, Julia Martinez, Claire Trollé
Recherches animations FX : Thibaud Petitpas
Recherches compositing : Andreas Severin
Chef compositing : Sylvain Lorent
Opérateur compositing : Johanna Bessière, Florent Bonneviale, Quentin Chevrel, Rodolphe Dubreuil, Morgane Esnault, Cécilia Gin, Thibaut Richard, Jean-Claude Rozec, Adrian Walt, Gabrielle Locre, Lasse Smith
Chef opérateur des images live : Mauricio Gonzalez-Aranda
Support technique : Anders V. Christensen, Jakob Schaumburg, Martin Schmidt, Jonas Juhl
Montage : Janus Billeskov Jansen
Monteurs additionnels : Frederik Troels-Smith, Mauricio Gonzalez-Aranda, Waltteri Vanhanen, Per Risager, Sirid Garff, Anders Skov, Nanna Maria Ingemann Mortensen, Henrik Langergaard Jepsen
Superviseur montage son : Edward Björner
Mixage : Tormod Ringnes
Compositeur : Uno Helmersson
Consultant scénario : Eskil Vogt, Rasmus Heisterberg
Casting : Gro Terp
Produit par : Monica Hellström, Signe Byrge Sørensen – Final Cut for Real, Charlotte De La Gournerie – Sun Creature, Jean-François Le Corre & Mathieu Courtois – Vivement Lundi !
Co-produit par : Charlotte Most – MostFilm, Maria Ekerhovd – Mer Film
en coproduction avec Anne Charbonnel & Alex Szalat – ARTE France ; Thomas Gammeltoft – Copenhagen Film Fund ; Barbara Truyen – VPRO
Production exécutive : Hayley Pappas & Matt Ippolito – RYOT Films ; Danny Gabai & Natalie Farrey – Vice Studios ; Philippa Kowarsky – Cinephil
Productrice exécutive : Charlotte Sanchez
Productrices associées : Anne Köhncke, Heidi Elise Christensen – Final Cut for Real ; Callie Barlow, Smiley Stevens – RYOT Films ; Elle Malan, Casey Meurer – Vice Studios ; Elisa Pirir, Ragna Nordhus – Mer Film Midtgard
Direction de production : Maria Kristensen, Esther Nissen, Maja Riis – Final Cut for Real ; Danaï Katopodi, Thomas Fenger – Sun Creature
Producteur exécutif additionnel, Sun Creature : Tanguy Olivier
Direction financière Vivement Lundi ! : Valérie Amour Malavieille
Chargées de production : Magali Neveu, Alice Mallaroni – Vivement Lundi ! ; Lillian Løvseth – Mer film
Développement, Sun Creature : Guillaume Dousse, Kenneth Ladekjær, Denis Chapon, Mikkel Mainz, Arnaud Tribout, Bo Juhl, Thibaud Petitpas, Simon Lee
Assistés de : Mathieu Daures, Agathe Leroux
Assistants de production : Anna Risgaard Dahl, Aiobhe Jessen, Stine Møldrup Sørensen, Emma Svendsen, Susanna Azevedo, Sidsel Filipsen, Sia Bergmann, Omer Sami – Final Cut for Real ; Christine Snitkjaer – Sun Creature ; Mélissa Derennes, Nathan Santarossa – Vivement Lundi !
Palmarès
Nommé dans de nombreux festivals internationaux et aux Oscars 2022 dans les catégories Meilleur film d’animation, Meilleur film en langue étrangère, Meilleur film documentaire, FLEE comptabilise en moins d’un an plus de 50 récompenses à son palmarès :
2021 ⎪ Sundance Film Festival –World Cinema Grand Jury Award: Documentary • Götenborg Film Festival – Dragon Award Best Nordic Documentary • Visions Du Réel – Audience Award • Biografilm, Italy – Best Documentary, Audience Award • Annecy Film Festival – Best Score by Uno Helmersson, The Gan Foundation & Cristal du Long métrage • Melbourne Queer Film Festival – Best Documentary • Newport Beach Film Festival – Audience Award for Best Animated Feature • Against Gravity, Poland – Grand Prix Millennium Award, Best Film on Psychology & The Lower Silesia Grand Prix • Jerusalem Film Festival, Israel – Special mention for best Int. film. • TIFF, Canada – second runner-up for the People’s Choice Award for Documentaries • Nordic Panorama – Audience Award • Seville European Film Festival – Ocaña Prize for Freedom • Viborg Animation Festival, Denmark – Best Feature Film • Nordic Council Film Prize • Gotham Awards – Best documentary feature • British Independent Film Awards – Best International Independent Film • Boston Society of Film Critics Awards – Best Animated Film • New York Film Critics Online Awards – Best Documentary • European Film Awards – University Film award, Animated Feature Film and Best Documentary • Critics Association of Central Florida – Best Documentary • Guldbagge Awards – Best International Feature Film • International Documentary Association Awards / IDA Awards 2021 – Best Documentary
2022 ⎪ Robert Awards – Best Score, Best Sound Design, Best Editing, Best Documentary • Cinema Eye Honors – Outstanding Achievement in Nonfiction Feature Filmmaking and Outstanding Graphic Design/Animation • Bodil Prize 2022 – Best documentary, Special Prize Alliance of Women Film Journalists – Best Documentary • New York Film Critics Circle – Best Non-Fiction Film • Detroit Film Critics Society – Best Documentary • National Board of Review – National Freedom of Expression Award • Animation is Film Festival – Grand Jury Prize • Nordisk Panorama – Audience Award • Atlanta Film Critics Circle – Best Documentary • Boston Online Film Critics Association – Best Documentary • St. Louis Film Critics Association – Best Documentary Feature • Philadelphia Film Critics Circle – Best Animated Film • Chicago Film Critics Association – Best Animated Feature • Indiana Film Journalist Association – Best Animated Film • Online Association of Female Film Critics – Best Documentary • Los Angeles Film Critics Association – Best Animation • Utah Film Critics Association – Best Animated Feature, Best Non-English Feature • Dallas Fort Worth Film Critics Association – Russell Smith Award • Nevada Film Critics Society – Best Documentary • North Dakota Film Society – Best International Feature, Best Documentary Feature • Seattle Film Critics Society – Best Animated Feature • Denver Film Critics Society – Best Animated Film • Toronto Film Critics Association – Best Animated Film• Kansas City Film Critics Circle – Tom Poe Award for Best LGBTFiQ Film • Melbourne Queer Film Festival – Best Documentary • Newport Beach Film Festival – Audience Award for Best Animated Feature • Festival for change, Paris – Grand prix du long métrage