La commission attribuant l’avance sur recette du CNC vient d’ accorder son aide à deux films de long-métrages « bretons » à divres titres. Louise en Hiver, film d’animation de Jean-François Laguionie, produit par le rennais JPL Films, et l’auteur et réalisatrice lorientaise Pascale Breton, pour Mémoire Vive, viennent d’être distingués en décembre dernier par ce comité de lecture très sélectif, qui aide au financement des longs-métrages de cinéma de qualité. Du travail en perspective en Région, et deux projets qui promettent bien du plaisir devant le grand écran. En voici un avant-goût.
« C’est fantastique d’avoir cette aide, on n’y croyait pas vraiment », s’enthousiasme Jean-Pierre Lemouland. « Et que Pascale Breton l’aie aussi, c’est génial : on s’est croisé lors du grand oral, à Paris, et je suis content pour elle », ajoute le responsable de JPL Films. » Depuis le début, Louise en Hiver suscite des réactions très unanimes. On a l’impression que les lecteurs en sortent le sourire aux lèvres ! Dans tous les comités de lecture où nous sommes passés, c’est le même enthousiasme pour un projet qualifié de poétique et touchant. Aujourd’hui, nous finissons la phase de développement sur une note très positive, avec un coproducteur belge, un distributeur, l’aide de Média. Nous préparons le Forum Movie de Lyon, en mars prochain, pour boucler la coproduction et le plan de financement ».
Le réalisateur Jean-François Laguionie, installé depuis quelque temps en Côtes d’Armor, n’en est pas à son coup d’essai : il a déjà signé quatre longs d’animation, Gwen le livre des sables, Le château des singes, L’île de Black Moor et Le Tableau, tous quatre largement salués par la critique. Mais l’évènement est de taille pour JPL Films : il s’agit tout simplement du premier long-métrage d’animation produit en Bretagne pour le cinéma. Même si bien sûr une partie du travail sera redistribuée entre le coproducteur belge, et La Fabrique, l’ancienne maison de production fondée par Laguionie dans les Cévennes. « Des emplois seront crées à Rennes le temps de la fabrication du film, car il n’est pas question de délocaliser en Chine », annonce le producteur. Le film, fait grâce à des techniques hybrides, un mélange de 2D et 3D, et de dessins faits main et d’images numériques, se veut produit « en petite équipe, un peu comme à la maison. C’est le souhait de Laguionie, qui ne voulait surtout pas d’un gros film dispersé à l’international, sur plusieurs continents. C’est pour cela qu’il nous l’a proposé, nous coproduisons dans la proximité », précise Jean-Pierre Lemouland.
D’un point de vue artistique, ce long-métrage d’animation s’annonce comme atypique. Clairement positionné à destination d’un public adulte, son producteur le qualifie de contemplatif, épuré. « Même s’il met en scène une vieille dame sur la côte, face à la mer, ses souvenirs et son grand âge, Jean-François y a mis beaucoup de lui-même, c’est une histoire intime. Avec un côté joyeux, désinvolte et anar sur les bords : la vieillesse devient un moment où elle voit enfin la vie du bon côté ! Tout ça me parle et me plaît beaucoup, bien sûr… », se réjouit Jean-Pierre Lemouland. Le film sera fini d’ici deux ans et demi environ.
Changement d’univers avec la fiction de Pascale Breton, même s’il est aussi question d’un personnage principal féminin, de mémoire et de souvenirs. L’auteur d’ Illumination, son premier long, tournera Mémoire Vive en Bretagne, entre Rennes et la vallée de l’Aulne, à partir de septembre 2013. Il est produit par Paul Rozenberg et Mélanie Gérin de Zadig Films. Le casting ne serait pas encore complètement bouclé, ni le financement définitif. Même si l’apport de l’avance sur recette du CNC, ainsi que l‘aide du Facca de la Région Bretagne, obtenue alors que le projet s’appelait Dans la ville d’espoir et d’oubli, sécurisent désormais le parcours du film. Le tournage est prévu avec une équipe légère, et tout comme celui de Laguionie, ce film sera terminé d’ici deux ans, pas avant. Reste pour ces deux projets de longs métrages à trouver des coproductions avec des télévisions.
Et dans la série « les films d’ici ont le vent en poupe », notons également la belle nomination de deux films produits en Bretagne aux Lutins du court-métrage : La Source, de Mirabelle Fréville et Paris-Brest productions, et O Willy, de Emma De Swaef et Marc Roels, de Beast Productions, Polaris Film et Vivement Lundi !. Cette sélection offre une belle visibilité aux films, via l’édition d’un coffret DVD, la projection à la soirée Lutins du Court, et une tournée et promotion pour l’international. Un début d’année prometteur pour la créativité cinématographique bretonne…
Brigitte Chevet