Du 1er au 4 juin se tiendra, à Betton et dans des salles partenaires du département d’Ille et Vilaine, la septième édition du Festival du Film de l’Ouest. Cette année, l’événement se concentre exclusivement sur le jeune cinéma de Bretagne dans sa diversité et confirme son implication au sein du réseau professionnel régional. Entretien avec Antoine Lareyre, président de l’association Courts en Betton qui porte l’événement toujours plus haut.
– Qu’est-ce qui vous motive à centrer la programmation du festival sur des films bretons ?
Effectivement nous nous concentrons aujourd’hui exclusivement sur des films tournés en Bretagne ou par des Bretons, professionnels ou amateurs. C’est le dynamisme créatif de notre région qui le permet ! Année après année, nous avons constaté que le nombre de films bretons inscrits augmentait. Il fallait donc faire de la place pour accueillir au mieux cette production pléthorique. Au total plus de 250 films en lien avec le territoire ont été inscrits ou dénichés par nos soins. Notre comité de sélection en a retenu environ 90, répartis sur les différentes sections qui composent notre programme.
On est loin de la douzaine de films que nous proposions lors de la première édition de 2010 !
D’autant qu’à ces films s’ajouteront ceux qui seront tournés et montés pendant l’événement. L’association InVitrO, à l’initiative de « 35h, c’est court !!! », met en œuvre son projet pendant le festival : 5 équipes s’empareront du thème annoncé à l’ouverture pour concourir à ce marathon et réaliser un film en 35 heures !
– Quelles relations tissez-vous avec la filière professionnelle ?
À l’origine du festival, nous avions une étiquette de festival amateur, et à l’heure actuelle, nous avons le sentiment d’être perçus autrement. Tout au long de l’année, nous sommes investis et présents sur le terrain : pendant les autres festivals, aux réunions du collège 4 auprès des autres acteurs de la diffusion. C’est important d’aller à la rencontre des professionnels, à la fois pour repérer des films mais aussi pour être identifié par les acteurs du territoire. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui nous connaissons mieux le secteur, que nous avons gagné en maturité et en réseau.
L’évolution est notable aussi côté programmation et public. Sur les 13 fictions en compétition, 12 sont produites de manière professionnelle. Et nous avons le plaisir de voir toujours plus de pros présents pendant l’événement. Cela nous paraît essentiel de réunir les acteurs de la création, des plus jeunes, aux professionnels établis en passant par les étudiants et les autodidactes, qu’ils puissent aller à la rencontre les uns des autres.
– Mettre en œuvre une table ronde intitulée « L’auto-production : opportunité ou fatalité ? » s’inscrit aussi dans cette optique de mise en réseau ?
Effectivement et elle est très significative de l’évolution de notre événement. Elle réunira des professionnels d’expérience et reconnus, le responsable du fonds d’aide de la Région et des réalisateurs qui ont fait le choix de l’auto-production. Elle s’adresse avant tout aux jeunes en voie de professionnalisation et vise à répondre concrètement à leurs questions.
– Avez-vous le sentiment de réussir à embarquer votre public dans cette évolution : recentrage sur la création bretonne et ouverture aux professionnels ?
Notre public est très divers, même s’il reste très jeune à l’image de notre équipe (la moitié des bénévoles actifs dans l’organisation de l’événement sont des étudiants). Nous faisons en sorte d’attiser sa curiosité, de proposer une sélection éclectique et accessible, qui ne concerne pas que ceux qui sont intéressés par le cinéma avec des concerts, des avant-séances portées par des comédiens, une place laissée aux autres associations bettonnaises. Et cette forme, très conviviale, plaît. Nous avons à cœur de montrer une manière différente de monter un festival.
– De nouveaux partenaires vous ont rejoint et notamment le web-media KuB qui remettra un prix, qu’en est-il ?
Oui ce rapprochement avec KuB s’est fait assez simplement. Nous avons en quelque sorte le même centre d’intérêt, la création d’initiative régionale. Depuis quelques années, nous montrions des clips au festival et cette année nous avions envie d’une sélection à part entière. Léo Dazin, d’Equinok Films, adhérent actif de Court en Betton, a mené à bien cette sélection avec la validation finale de notre comité de programmation. KuB remettra un prix à l’un de ces clips, par l’intermédiaire d’Eric Thouvenel (maître de conférences en études cinématographiques à l’Université Rennes 2 et programmateur, ndlr), à l’origine de la sélection hebdomadaire des clips diffusés et chroniqués sur KuB.
– Vous mentionnez un grand nombre d’étudiants associés à votre festival, quels sont vos liens avec l’université ?
Rennes 2 nous soutient financièrement au titre du FSDIE (qui alloue des subventions aux projets d’étudiants, ndlr) et les étudiants d’Arts du Spectacle sont impliqués de plusieurs manières. D’abord grâce à l’association étudiante Scénart très active à Villejean et dans notre équipe, et aussi via un atelier de programmation auquel nous participons. Il en découle la rétrospective du cinéaste amateur Michel Body, qui a été portée par des étudiants de deuxième année avec la collaboration de Jean-François Delsaut de la Cinémathèque de Bretagne. Ils ont sélectionné des films et co-animeront la séance.
Cette nouvelle projection de films du patrimoine nous permet cette année encore de mettre en avant des figures du cinéma amateur ou auto-produit.
– Ces partenariats vous permettent-ils d’offrir plus de visibilité aux œuvres auto-produites au delà des quatre jours que dure le festival ?
Oui, c’est le cas notamment du prix RaDI Bretagne que nous renouvelons cette année. Rosemonde Roussey, coordinatrice de Zoom Bretagne pour Cinéphare, sélectionnera un film parmi notre sélection, et ce quel qu’en soit le mode de production. Le seul critère limitant étant la durée puisque le RaDI s’intéresse aux films de moins de 20 minutes. Le film primé sera intégré au catalogue du RaDI Bretagne. C’est un pas de plus vers plus de visibilité.
Même chose pour notre collaboration avec Cinéma35. Il ont proposé un catalogue de films auto-produits à leur réseau de salles pour des avant-séances en amont du festival. Une dizaine de films ont été concernés et projetés dans cinq salles de cinéma du département. C’est une belle opportunité de promotion pour ces œuvres, et un moyen pour nous de faire venir à Betton le public qui a apprécié ces films découverts en salle.
Nous souhaitons développer ce type d’actions. Nous travaillons de concert, depuis plusieurs années, avec le comité de jumelage de la Ville de Betton, notamment sur le focus européen mis en place l’an dernier. Grâce à eux, une sélection de films de l’édition 2015 a été projetée pendant le Two Short Nights Film Festival à Exeter en Angleterre, en novembre. Nous sommes fiers de l’éclairage qui est donné à ces films qui peinent à rencontrer le public autrement que sur Internet.
– Et à ce propos, votre intérêt pour les possibilités offertes par les réseaux sociaux est également visible avec le séminaire porté par Films en Bretagne que vous accueillez vendredi prochain.
Oui, « Twitter au service de la communication » se tiendra le 3 juin à partir de 14h. C’est un sujet pertinent pour pas mal de structures y compris les associations de production qui cherchent à faire connaître leur activité.
– A quelques heures de l’ouverture du festival, comment se porte votre structure ?
Notre dynamisme ne nous fait pas défaut ! Nous sommes toujours tous bénévoles, et si notre budget nous permet désormais de rémunérer les artistes qui interviennent sur le festival ce n’est pas encore le cas pour l’équipe qui œuvre à l’année et plus particulièrement en amont du festival.
C’est une vraie réflexion pour notre association. Se professionnaliser et pérenniser notre action sont des enjeux importants. Nous y travaillons et développons de nouvelles choses pour répondre à cet objectif. C’est dans ce sens que verra le jour, en novembre prochain, un nouvel événement consacré à la jeune création européenne (dans la continuité du focus proposé en 2015). Il sera mené avec nos partenaires du comité de jumelage. Tout ne s’arrête donc pas le soir du 4 juin !
Propos recueillis par Elodie Sonnefraud
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