Répartition géographique des chaînes de télévision, des entreprises de production ayant produit des documentaires pour France Télévisions et ARTE France & des entreprises de production documentaire disposant d'un compte de soutien automatique au COSIP.
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Total : 206 chaînes
Source : AudiensTotal : 209 entreprises
Source : France TélévisionsTotal : 168 entreprises
Source : France TélévisionsTotal : 116 entreprises
Source : ARTE FranceTotal : 310 entreprises
Source : CNCTotal : 94 entreprises
Source : France TélévisionsRépartition géographique des entreprises ayant produit des documentaires pour les chaînes de France Télévisions en 2015, selon le niveau d’engagement de la chaîne (chiffre d’affaires correspondant à l’ensemble des contrats signés dans l’année avec une entreprise donnée).
Source : France TélévisionsLes chaînes de télévision jouent un rôle essentiel dans la diffusion et dans l’économie de la production documentaire. D’après les données Audiens pour 2014, la répartition géographique des chaînes généralistes, thématiques et locales (codes NAF 6020A et 6020B) est plus équilibrée que celle des entreprises de production, 55% d’entre elles étant établies en régions du fait notamment de l’existence des antennes de proximité de France 3. Il est à noter cependant que l’activité économique des chaînes de télévision est largement concentrée en Île-de-France, où se situaient 76% des effectifs des chaînes généralistes et 82% des effectifs des chaînes thématiques et locales en 2014.
Est abordé ici l’accès des entreprises de production documentaire aux chaînes nationales financées par la Contribution à l’Audiovisuel Public, France Télévisions et ARTE France. D’après les données du CNC, ces chaînes ont représenté en 2015 70% des heures de documentaire initiées en tant que premier diffuseur par les chaînes nationales gratuites (privées et publiques) et 78% des apports diffuseurs de ces chaînes.
La réponse est oui : En 2015, 87% des 209 entreprises ayant produit du documentaire pour les chaînes nationales de France Télévisions et 88% des 116 entreprises ayant produit un documentaire pour Arte France étaient établies en Île-de-France.
Hors Île-de-France, les régions où se situe le plus grand nombre d’entreprises ayant produit en 2015 des documentaires pour une chaîne nationale de France Télévisions sont, dans l’ordre décroissant, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Aquitaine, Rhône-Alpes et Bretagne. Quant aux entreprises ayant travaillé avec Arte France, le plus grand nombre sont implantées en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes.
On constate également que plus l’engagement financier des chaînes nationales de France Télévisions est important, moins les entreprises de production documentaire établies hors Île-de-France sont concernées.
Par ailleurs, en 2015, 55% des entreprises ayant produit un documentaire pour France 3 Régions étaient établies hors Île-de-France, un chiffre en cohérence avec la vocation de « chaînes des régions » de ces antennes de proximité.
Parmi les documentaires produits par France 3 Régions et diffusés nationalement dans l’ex « Case de l’oncle Doc » de France 3 entre 2012 et 2015, la moitié (49%) ont été produits par des entreprises établies hors Île-de-France. Les régions Bretagne, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes et Aquitaine rassemblent un quart (25%) des sociétés ayant produit des documentaires « Case de l’oncle Doc ».
Ces données sont à mettre en relation avec les caractéristiques du tissu économique de la production documentaire en régions. En 2015, d’après les données du CNC sur la production audiovisuelle aidée, l’apport horaire de France 3 Régions en documentaire était de 51,3K€ contre 160,1K€ pour France 3 national. Les financements publics et privés du documentaire audiovisuel étant calculés en fonction de l’apport diffuseur des chaînes, l’écart entre le plan de financement moyen d’un documentaire coproduit par France 3 Régions et d’un documentaire coproduit par France 3 national est – à titre indicatif – au moins de l’ordre de 1 à 2. L’accès plus difficile aux chaînes publiques nationales des entreprises de production établies hors Île-de-France a un impact négatif sur l’économie de la production documentaire en régions.
Ces données sont également à mettre en relation avec celles de l’accès au compte de soutien automatique du CNC (COSIP), un facteur de structuration économique important pour le secteur. Celui-ci est conditionné d’une part au niveau de soutien annuel du CNC (avec un seuil d’accès relevé de 50000€ à 70000€ en 2015), d’autre part à l’apport du diffuseur (qui doit représenter au moins 25% du plan de financement et être supérieur en numéraire à 12000€ horaire). Dans ces conditions, il est plus aisé pour les entreprises de production documentaire d’accéder au compte de soutien automatique du CNC en travaillant avec les diffuseurs nationaux qu’en travaillant avec les diffuseurs régionaux. On observe ainsi que 77% des entreprises de production documentaire disposant en 2015 d’un compte automatique au COSIP étaient établies en Île-de-France. Les règles d’accès aux aides automatiques du CNC, dans un contexte de centralisme de l’audiovisuel public, ne semblent pas avantager la production documentaire initiée hors Île-de- France.
Par ailleurs, la dépolarisation des France 3 Régions initiée en 2016, et devant aller de pair avec une autonomie renforcée des antennes de proximité, ne sera a priori pas accompagnée d’une augmentation de l’apport numéraire de ces diffuseurs. Quant à la disparition début 2016 de « la Case de l’oncle Doc », remplacée par l’estivale « Heure D », elle permettra certes aux documentaires coproduits d’être deux fois mieux financés qu’auparavant mais devrait concerner deux fois moins de documentaires.
Le centralisme de l’audiovisuel public national a également un impact sur les conditions de la production en régions de documentaires historiques et scientifiques. En effet, le champ du documentaire scientifique est aujourd’hui largement investi par ARTE, à laquelle les entreprises de production en régions ont donc très peu accès. Quant au documentaire historique, si France 3 Régions en coproduit un nombre non négligeable, il implique des budgets de production élevés imputables au coût des archives et des formes de reconstitutions propres au genre. Il est donc plus difficile, de l’avis des professionnels concernés, de produire des documentaires historiques ambitieux dans une économie régionale. Néanmoins, des évolutions positives se font jour en lien avec les nouvelles bonifications documentaires de la réforme du COSIP et la baisse du coût de certaines archives pour les diffusions régionales.
Toujours est-il que, compte tenu des écarts de financement entre chaînes publiques régionales et nationales et du centralisme à l’œuvre dans les chaînes publiques nationales, le rôle positif joué par les chaînes régionales ne suffit pas à asseoir une décentralisation du documentaire audiovisuel synonyme de développement économique et de structuration des entreprises de production établies hors Île-de-France.
Entre 2012 et 2015, un certain nombre de publications – du rapport « Le documentaire dans tous ses états. Pour une nouvelle vie du documentaire de création », à la tribune « Nous sommes le documentaire » – se sont fait l’écho de la difficulté de faire exister la diversité du documentaire au sein des chaînes nationales de service public. Dans un contexte de concurrence accrue entre chaînes de télévision, les investissements des chaînes nationales sont concentrés à la fois sur un nombre réduit d’entreprises et, selon les professionnels du secteur, sur un éventail resserré d’écritures documentaires.
Si cette réalité concerne la production documentaire dans son ensemble, la production initiée en régions en est particulièrement affectée compte tenu de l’accès plus difficile des entreprises établies hors Île-de-France aux chaînes publiques nationales.