A l’approche des élections régionales de décembre 2015, Films en Bretagne s’est adressé aux femmes et aux hommes qui sollicitent actuellement les suffrages des citoyens. Comment considèrent-ils la culture en région ? Quelles sont leurs ambitions en matière d’audiovisuel et de cinéma ? Et leur vision concrète d’un développement décentralisé de ce secteur ?

Aujourd’hui, la rédaction rencontre Didier Chapellon, candidat écologiste.

 

Pour rappel : Un questionnaire a été envoyé début octobre aux partis en lice. Lutte Ouvrière et sa tête de liste en Bretagne, Valérie Hamon, n’ont pas souhaité s’exprimer. Le Front National de Gilles Pénelle n’a pas répondu à nos sollicitations. Six entretiens ont été réalisés entre le 5 octobre et le 5 novembre. Les réponses ont été recueillies oralement, synthétisées, puis validées par chaque candidat. Les trois listes qui se sont déclarées plus tardivement, ont été contactées par Films en Bretagne et sont en attente d’une réponse. Nous ferons part de leurs retours dans les jours à venir.

Cette série d’entretiens sera publiée dans l’ordre de réponse à nos sollicitations. Une infographie clôturera ce dossier « Régionales 2015 », reprenant de façon synthétique les grands thèmes abordés par chaque candidat.

 

Cet entretien a été réalisé avant les attaques terroristes du 13 novembre 2015.

 

Deuxième sur la liste verte « Une autre voie pour la Bretagne » en Ille et Vilaine, qui regroupe Europe Ecologie Les Verts, Bretagne Ecologie et des non encartés, Didier Chapellon est enseignant en IUT à Rennes. Venu à la politique par le milieu associatif, il se déclare heureux de plancher sur le questionnaire de Films en Bretagne, afin d’échanger avec le tissu professionnel breton.

 

– Films en Bretagne : Quelle est l’importance de la culture dans votre programme régional ?

Elle est centrale ! Nous prônons un changement de modèle global, où la culture a une place essentielle, comme outil de l’émancipation de chacun. Nous défendons le droit à la culture, et la diversité des pratiques culturelles. Non pas imposées d’en haut, de forme unique, mais multiples. Au même titre que nous défendons la biodiversité, nous défendons différentes formes de pratiques culturelles. Le modèle d’organisation territoriale que nous visons est fédéral, c’est encore plus poussé que la simple décentralisation, où un pouvoir central consent à redonner du pouvoir aux régions. Nous voulons une Europe basée sur des régions fortes, maîtres de leur politique culturelle.

– Quel est votre projet pour l’audiovisuel et le cinéma en Bretagne ?

Là encore il s’agit d’inverser le modèle dominant. Par exemple, France 3 ne doit plus être une chaîne nationale avec quelques décrochages régionaux, mais l’inverse. Le modèle à viser, c’est Via Stella en Corse, chaîne de plein exercice, présente sur la TNT. Cette évolution doit concerner tout le service public, Radio France comme France 3. Les médias régionaux doivent être gérés en région, au plus près de leur public. C’est le modèle le plus efficace, et le plus important à changer, surtout dans une région où l’identité culturelle est aussi forte qu’en Bretagne : il s’agit de faire vivre cette identité, ce patrimoine, et de promouvoir les langues régionales. Donner de la visibilité à la création artistique. Cela a également du sens pour le rayonnement de notre région à l’extérieur. Et n’oublions pas qu’il y a des emplois à la clé, c’est aussi un secteur économique comme un autre. Il faut favoriser l’activité des entreprises culturelles en Bretagne, le potentiel est là !
A titre personnel il m’arrive de regarder des documentaires sur TVR, c’est très intéressant… On peut imaginer des passerelles, des cases communes entre les chaînes locales et le service public décentralisé. Je sais que cela se fait déjà, il faudrait développer cet aspect de mutualisation des moyens en région.
Les médias locaux et régionaux sont un formidable outil de démocratie, et c’est important que les citoyens se les approprient, alors que nous vivons une grande crise politique. Ce développement démocratique est au cœur de notre projet.

– Comment voyez-vous l’évolution du soutien de la Région Bretagne au secteur audiovisuel et du cinéma, actuellement de 5 millions d’euros ?

C’est une politique qu’il faut poursuivre, avec le FACCA (1), le soutien à la filière, etc. Dans un souci de pluralité des projets, et de développement du secteur. Ne rêvons pas, on ne peut pas augmenter ce budget. Les collectivités vont être impactées fortement sur leurs capacités à investir, ne promettons pas ce que nous ne pouvons pas tenir. Mais cette politique doit être continuée, à enveloppe constante.
Après, on peut également envisager des aides supplémentaires par le biais de l’aide économique, puisque cela va devenir une compétence régionale, cela ne serait pas aberrant ! Et puis on peut toujours trouver de l’argent, par exemple l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est un projet cher et inutile, il faudrait redéployer cet argent vers quelque chose de plus essentiel à la démocratie.
Il faut de manière générale s’employer à faire venir plus de tournages en Bretagne, et conditionner ces aides à de l’emploi sur place, faire travailler les entreprises du secteur.

– Quelle place pour les langues régionales dans votre projet ?

Il va falloir augmenter les créneaux dédiés à la langue bretonne, c’est vital ! Non pas par idéologie, mais simplement parce qu’on risque la disparition de cette langue, et que ce serait une tragédie. Tout comme la disparition d’une espèce vivante est une tragédie… Une langue, c’est une vraie richesse, cultivons-la. Nous pensons développer surtout les programmes pédagogiques, les programmes pour la jeunesse, mais sans exclure personne. Nous espérons également de la production en gallo. Ces langues doivent redevenir des langues sociales d’avenir.

– Le pacte d’avenir prévoit un volet d’expérimentation pour l’audiovisuel régional, que suggérez-vous d’y développer ?

Il s’agit d’aller vers plus d’autonomie, de façon pérenne. Je le redis, un Via Stella breton serait l’idéal, mais aussi un CNC totalement décentralisé.

– Quid de la gouvernance de ce secteur, si vous êtes élu ?

Des liens permanents sont nécessaires avec les experts, les professionnels, c’est encore une question de démocratie. Cela peut se faire par le biais de commissions de travail. Nous maintiendrons un dialogue permanent avec l’ensemble de la filière, en favorisant les dynamiques coopératives entre les acteurs.

Propos recueillis et photographie par Brigitte Chevet

(1) Fonds d’Aide à la Création Cinématographique et Audiovisuelle.

A venir  les entretiens réalisés auprès de  :

  • Jean-Michel Le Boulanger 5ème (Morbihan) sur la liste « La Bretagne avec Jean-Yves Le Drian », PS et apparentés
  • Christian Troadec, tête de liste « Oui la Bretagne »
  • Jean-François Gourvenec, tête de liste « Union Populaire Républicaine en Bretagne »
  • Et les éventuels entretiens avec un candidat des plus récentes listes déclarées auprès de la Préfecture de Région : « Notre chance l’indépendance », « Bretagne en luttes », « L’humain d’abord ».

 

Lien(s) en relation avec ce sujet

 

Le questionnaire envoyé aux candidats des différentes listes bretonnes pour les élections régionales 2015.

 

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Liens vers les entretiens réalisés dans le cadre de cette campagne Régionales 2015 :

  • Jean-Jacques Foucher, tête de liste « Debout la France »
  • Isabelle Le Bal, 3ème (Finistère) sur la liste « Le choix de la Bretagne », Républicains/Modem/UDI/régionalistes
  • Didier Chapellon, 2ème (Ille et Vilaine) sur la liste verte « Une autre voie pour la Bretagne », Europe Ecologie Les Verts, Bretagne Ecologie et des non encartés
  • Christian Troadec, tête de liste « Oui la Bretagne »
  • Jean-Michel Le Boulanger, 5ème (Morbihan) sur la liste « La Bretagne avec Jean-Yves Le Drian », PS et apparentés
  • Jean-François Gourvenec, tête de liste de « l’Union Populaire Républicaine en Bretagne »
  • Sylvie Larue, tête de liste en Ille et Vilaine  « Front de gauche »
  • Bertrand Déléon, tête de liste « Notre chance l’indépendance »