FACTEURS DE DYNAMISME

Cartographie

Présence, dans chaque région entre 2012 et 2015, de facteurs de dynamisme de la production documentaire : Formation des producteurs/trices, coproductions avec les chaînes de télévision régionales et locales & engagement des collectivités territoriales en faveur du documentaire.

En cliquant sur une région, on accède au détail des différents facteurs de dynamisme présents dans chaque région.

Sources : CICLIC, CNC, EURODOC & EAVE
Facteurs de dynamisme analysés :
  • 1. Présence et nombre de producteurs/trices en formation Eurodoc et/ou EAVE
  • Valeur = 0 si absence du facteur, =1 si niveau<6, =2 si niveau>ou égal à 6 (moyenne nb prod en formation 2012-2015)
  • 2. Existence et niveau des aides territoriales au documentaire
  • Valeur = 0 si absence du facteur, =1 si niveau<1,8M€, =2 si niveau>ou égal à 1,8M€ (moyenne montants 2012-2015)
  • 3. Existence et niveau des aides territoriales à l'écriture-développement documentaire
  • Valeur = 0 si absence du facteur, =1 si niveau<262K€, =2 si niveau>ou égal à 262K€ (moyenne montants 2012-2015)
  • 4. Présence de fonds d'aides départementaux et/ou métropolitains
  • Valeur = 0 ou 1
  • 5. Existence et niveau des aides au programme d’entreprise
  • Valeur = 0 si absence du facteur, =1 si niveau<90k€, = 2 si niveau>90k€ (moyenne des montants 2015)
  • 6. Existence et niveau des COM ou autre dispositif de soutien aux télédiffuseurs locaux
  • Valeur = 0 si absence du facteur, =1 si niveau<250K€, =2 si niveau>ou égal à 250K€ (moyenne des montants 2015)
  • 7. Présence et niveau des coproductions documentaires des chaînes locales
  • Valeur = 0 si absence du facteur, =1 si niveau<55 , =2 si niveau>ou égal à 55 (moyenne heures aidées au COSIP 2012-2015)
  • 8. Présence et niveau des coproductions documentaires de France 3 Régions
  • Valeur = 0 si absence du facteur, =1 si niveau <23, =2 si niveau >23 (moyenne heures aidées au COSIP 2013-2015)
  • 8bis. Présence de chaînes d'Outre-Mer 1ère
  • Valeur = 0 ou 1

FACTEURS DE DYNAMISME

Au-delà de l’écart entre l’Île-de-France et les autres régions françaises, les différences observées d’une région à l’autre en termes d’indicateurs économiques et qualitatifs de la production documentaire sont à mettre en relation avec la présence de certains facteurs territoriaux de dynamisme.

Sont examinés plusieurs éléments - non exhaustifs - pour lesquels des données exploitables sont disponibles. Ces facteurs relèvent de l’initiative des producteurs/trices, du rôle des diffuseurs locaux et régionaux, ainsi que du niveau d’intervention et de la cohérence des politiques territoriales.

La participation à des formations spécialisées permet aux producteurs/trices de documentaire de renforcer leur stratégie de production, d’étoffer leur ligne éditoriale et la qualité de leurs projets, de renforcer leurs réseaux, d’entrer en relation avec des diffuseurs et de développer des coproductions interrégionales et internationales.

En 2012-2015, la moitié des régions métropolitaines étaient représentées au sein des entreprises de production documentaire ayant effectué les formations « EURODOC Production » et/ou « Produire en Région ». Dans 7 régions, on recense des participants aux deux formations : Aquitaine, Bretagne, Corse, Franche-Comté, Languedoc-Roussillon, Nord-Pas-de-Calais et PACA. 45% des producteurs/trices ayant effectué en 2012-2015 la formation « EURODOC Production », ouverte aux porteurs d’un projet documentaire d’ambition internationale en cours de développement, étaient établi(e)s hors Île-de-France.

Il est à noter que certaines des Régions où sont établies les entreprises de production participant à ces formations engagent des partenariats financiers avec EURODOC.

Par ailleurs, 13 entreprises françaises de production documentaire, dont 4 établies hors Île-de-France (1 en Bourgogne et 3 en PACA, soit 31%), ont participé aux formations européennes EAVE Producers workshop et EAVE+ en 2012-2015.

Les antennes de proximité de France 3 Régions sont présentes dans l’ensemble des régions métropolitaines, et ont un rôle important dans la structuration de la filière documentaire en régions et pour la diversité du documentaire audiovisuel français. PACA et Rhône-Alpes sont dotées de deux antennes, tandis que la Corse bénéficie d’une chaîne régionale de plein exercice avec France 3 Corse ViaStella.

Les données du CNC sur la production documentaire audiovisuelle aidée permettent d’observer pour 2013-2015 que les antennes de France 3 Régions ayant initié et coproduit le plus grand nombre de documentaires aidés au COSIP sont situées, dans l’ordre décroissant, en Corse, PACA, Bretagne, Rhône-Alpes et Île-de-France, avec plus de 30 heures de documentaires aidées au COSIP coproduites sur la période.

Par ailleurs, d’après les données de France Télévisions, les régions dans lesquelles les entreprises locales ont produit le plus d’heures de documentaire (52 minutes et autres formats) pour France 3 Régions, toutes antennes de proximité confondues, sont, après l’Île-de-France et dans l’ordre décroissant : Corse, PACA, Bretagne et Rhône-Alpes. Dans ces 4 régions, France 3 Régions a joué un rôle particulièrement dynamisant pour le tissu régional de production documentaire.

France 3 Corse ViaStella coproduit notamment un nombre élevé de documentaires (112 ont été aidés par le COSIP en 2013-2015), structurant fortement l’économie de la production régionale. Cette spécificité est à relier à la proportion élevée d’auteurs et d’entreprises de production documentaire actifs sur le territoire, et avec les caractéristiques du tissu économique : 23% des entreprises corses de production documentaire ont généré plus de 500K€ de masse salariale en 2014.

Dans les DOM, les chaînes de télévision de proximité de France Télévisions sont gérées par le réseau Outre-Mer 1ère. En 2012-2015, 135 documentaires ont été produits par ces chaînes (nous ne disposons pas du détail par DOM). Il est à noter que le nombre de documentaires produit par le réseau Outre Mer 1ère a été divisé par 2, passant de 43 à 21 documentaires de 2012 à 2015.

Les chaînes de télévision locales jouent également un rôle important dans la vitalité du genre documentaire et dans le dynamisme de la production d’initiative régionale. Dans 15 régions, on recense une ou plusieurs chaînes locales ayant initié au moins 5 heures de documentaires aidés au COSIP et/ou ayant primo-diffusé au moins 5 documentaires en 2012-2015 (d’après les données Scam et fournies par les syndicats de chaînes locales).

Les régions où ont été initiées le plus d’heures de documentaire coproduites par les chaînes locales et aidées au COSIP sur la période sont Île-de-France et Rhône-Alpes, suivies de Lorraine, Bretagne, Centre-Val de Loire, Nord-Pas-de-Calais et Midi-Pyrénées.

Les télévisions locales, qui ne sont pas financées par la contribution à l’audiovisuel public, ont un modèle économique beaucoup plus fragile que les chaînes régionales. Entre 2012 et 2015, 6 des 32 chaînes locales engagées significativement dans la coproduction de documentaire ont ainsi cessé d’émettre. En 2015, suite aux contrôles effectués par le CNC concernant les apports en industrie des chaînes locales coproduisant des adaptations de spectacle vivant et des documentaires, le volume d’heures de documentaire initiées par ces diffuseurs a brutalement chuté, passant de 247 à 145 heures aidées (toutes chaînes locales confondues).

Il est à noter que la concertation professionnelle engagée par le CNC autour des documentaires dits « fragiles » produits avec les chaînes locales, achevée mi 2016, a donné lieu à de nouvelles règles de soutien plus appropriées à ce type de productions notamment en termes de seuil d’intensité d’aides publiques.

Globalement, les chaînes locales soutenues par les collectivités territoriales pour coproduire des documentaires – via un COM, une convention de partenariat ou un dispositif de soutien sélectif fléché vers la coproduction d’œuvres audiovisuelles – ont été moins affectées par la crise ouverte en 2015.

Les dispositifs de type COM, instruments de la politique publique, sont indéniablement structurants pour la production documentaire d’initiative régionale, tant du point de vue économique que qualitatif. D’après les données collectées par Ciclic, les 6 régions engagées dans ce type de dispositif sont – dans l’ordre décroissant du montant (très variable) de leur engagement pour 2015 – les régions Bretagne, Nord-Pas-de-Calais et Centre-Val de Loire, suivies des régions Alsace, Aquitaine et Languedoc-Roussillon.

Il est à noter que le CNC a confirmé fin 2016 son intention, dans le cadre du renouvellement de sa politique territoriale, d’abonder financièrement les COM signés par les collectivités avec les télévisions locales en vue de leur permettre d’investir en numéraire dans la coproduction de documentaire et de spectacle vivant.

La totalité des régions métropolitaines ont accordé des financements à des projets documentaires ainsi que, pour les DOM, la Guadeloupe, la Guyane et la Réunion. Outre les Régions, 12 départements et 2 villes ont participé en 2012-2015 au financement du documentaire et 12 maintenaient leur engagement en 2015 : l’Eurométropole de Strasbourg (Alsace), Dordogne et Pyrénées-Atlantiques (Aquitaine), Côtes-d’Armor et Finistère (Bretagne), Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et la ville de Paris (Île-de-France), Charente, Charente-Maritime et Vienne (Poitou-Charentes) et Ardèche (Rhône-Alpes).

Plus de 52 millions d’euros (abondement « 1€ pour 2€ » du CNC inclus) ont été attribués via les fonds de soutien des collectivités territoriales à des documentaires audiovisuels, cinématographiques et nouveaux médias en 2012-2015 (tous types d’aides et collectivités confondus).

Il est à noter que 18% du montant de ces aides ont été engagés par les collectivités d’Île-de-France, tandis que les entreprises franciliennes ont bénéficié de 37% du montant global des aides attribuées sur la période à des documentaires par l’ensemble des collectivités territoriales.

Les territoires (toutes collectivités confondues) où ont été engagées en 2012-2015 les sommes les plus élevées en direction du documentaire sont, dans l’ordre décroissant : Île-de-France, Corse, Bretagne, Rhône-Alpes, Alsace, PACA, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire et Limousin.

Les aides à l’écriture-développement permettent plus particulièrement de renforcer la qualité et la structuration de la production documentaire d’initiative régionale. Elles ont représenté 12% des sommes engagées en 2012-2015 par l’ensemble des collectivités territoriales en faveur du documentaire audiovisuel, cinématographique et nouveaux médias, soit plus de 6.3 millons d'euros.

Les territoires (toutes collectivités confondues) où ont été engagées en 2012-2015 les sommes les plus élevées pour l’écriture-développement de documentaire sont, dans l’ordre décroissant : Rhône-Alpes, Bretagne, Corse, PACA, Pays de la Loire, Nord-Pas-de-Calais, Île-de-France, Aquitaine, Midi-Pyrénées et Basse-Normandie.

Par ailleurs, 6 régions ont mis en place des aides sélectives aux programmes d’entreprises sur la période 2012-2015 : Aquitaine, Basse-Normandie, Haute-Normandie, Centre-Val de Loire, Franche-Comté et PACA, pour des montants annuels allant de 40K€ à 200K€ en 2015. Ces aides encore peu répandues permettent aux entreprises de production documentaire de consolider leur ligne éditoriale et leur stratégie et de financer des dépenses de développement, de formation et de promotion.

En croisant pour chaque région ces différents aspects, mesurés à la fois en termes de présence et de niveau (heures coproduites, montants d’intervention), on observe qu’entre 2012 et 2015, 4 régions – hors Île-de-France – ont disposé d’un niveau particulièrement élevé de facteurs de dynamisme. Il s’agit, dans l’ordre décroissant, des régions Bretagne, Aquitaine, PACA et Rhône-Alpes. Les entreprises de production documentaire établies dans ces 4 régions ont également été particulièrement performantes en termes économiques et qualitatifs sur la période.

D’une manière générale, on observe une corrélation positive entre le niveau de formation des producteurs/trices en régions, le nombre de co-productions documentaires engagées par les diffuseurs régionaux et locaux, le niveau d’intervention et la cohérence des politiques territoriales en matière de documentaire d’une part, et les performances des entreprises régionales d’autre part.

A ces facteurs s’ajoutent, d’après les professionnels du secteur interrogés dans le cadre de cette publication, d’autres éléments qualitatifs à prendre en compte parmi lesquels :

  • la volonté des entreprises de production locales de développer des schémas de production diversifiés, ciblant différents diffuseurs et sources de financements ;
  • le développement de coproductions interrégionales et internationales ;
  • la structuration et la mobilisation des associations professionnelles représentant les différents maillons de la filière régionale.
  • la mise en œuvre de dispositifs d’accompagnement de la filière professionnelle par les collectivités territoriales et structures associées : bureaux des auteurs, résidences et sessions de formations spécifiques, rencontres professionnelles, soutiens à la mobilité…
  • la présence de festivals dédiés au genre documentaire ;
  • le dynamisme de la coordination régionale du Mois du documentaire ;
  • la présence de formations à l’écriture et à la réalisation documentaire ;
  • la présence de compétences et d’équipements de post-production ;