Nous connaissons Jalil Lespert comme comédien, à l’affiche dans « Ressources humaines », « Le petit lieutenant » ou plus récemment dans la série TV « Pigalle ». Il s’affirme également comme réalisateur : après « 24 mesures » tourné à Rennes en 2007, il met en boîte son deuxième long métrage entre Saint Lunaire et Dinard, une adaptation du roman de l’écrivain malouin Olivier Adam, « Des vents contraires ». Il a réuni autour de lui une jolie brochette d’acteurs : Benoit Magimel, Isabelle Carré, Audrey Tautou, Ramzy, Antoine Duléry, Lubna Azabal ou Bouli Lanners. Entretien entre deux prises de vues.

Deux longs métrages tournés en Bretagne, c’est ce qui s’appelle avoir une carte de fidélité ?


Pas exactement. Pour mon premier long métrage, « 24 mesures », c’est le hasard et la chance qui m’ont amené à Rennes. Mais là, il fallait juste que ça se passe ici. Ce film ne peut prendre sens qu’en Bretagne, et plus particulièrement sur cette portion de côte. Olivier Adam vit ici et l’action de son roman est totalement nourrie des lieux qu’il fréquente.
Même si ce n’était pas forcément voulu, il y a beaucoup de décors communs entre le roman et mon film, et je ne pense pas que cela soit totalement un hasard. Tous les deux se situent dans une géographie, des lieux, qui ne sont pas que des décors mais au contraire des personnages. C’est pour cela que je tourne en hiver. Je voulais que ce titre, « Des vents contraires », ne soit pas qu’un titre mais plutôt une sorte de « pitch », voire un des personnage principal.

Pourquoi Olivier Adam et pourquoi ce roman en particulier ?



Je connais Olivier depuis un peu plus de dix ans, depuis « Poids léger » qui était un de ses premiers romans. À l’époque, je voulais l’adapter et j’ai pris contact avec lui. Nous nous sommes rencontrés, nous avons longuement discuté de Fante, de Carver, de la Beat génération. Mais, à l’époque, je n’avais pas de production et c’est finalement Jean-Pierre Améris qui en a acquis les droits et l’a adapté. Nous avons continué à nous suivre et en 2000, j’ai réalisé un court métrage adapté d’une de ses nouvelles, « De retour ». « Des vents contraires », c’est Olivier qui me l’a proposé parce qu’il avait beaucoup aimé « 24 mesures ». Je l’ai lu et j’ai tout de suite été séduit par quelque chose qui revient souvent dans les romans d’Olivier, ce surgissement soudain de l’extraordinaire dans l’ordinaire. Ta femme disparaît, c’est un événement hors du commun et en même temps, Olivier le raconte comme quelque chose de transversal arrivant au commun des mortels.

A propos de fidélité, c’est quelque chose d’important en tant que réalisateur ?



C’est vrai que de nombreuses personnes sont là depuis le début, Benoit Magimel, Lubna Abazal comme comédiens, Josée Deshaies à l’image, Wassim Béji, mon producteur qui était déjà là sur mes courts, la Bretagne effectivement aussi. C’est bien sûr un peu le hasard, mais je ne vois pas de raison de changer quand ça se passe bien. Et puis j’aime cette idée de grandir avec les gens. Peut-être que j’ai été influencé par la façon de travailler de certains réalisateurs que j’ai aimés. Je pense à Laurent Cantet et Xavier Beauvois qui travaillent toujours avec la même équipe et la conçoivent comme une famille, une troupe. Avoir un noyau dur autour de soi, c’est à la fois rassurant et émouvant.

Propos recueillis par FLG

« Des vents contraires » est une coproduction WY Productions, Artemis Production avec le soutien de la Région Bretagne, Direct 8, Universal Pictures et Studio 37. Sortie nationale prévue le 5 octobre 2011.

Légende photo : Jalil Lespert à l’école Alain Colas de Dinard, dirigeant Benoît Magimel et Isabelle Carré.