La Cinémathèque de Bretagne se renouvelle


La Cinémathèque de Bretagne recrute actuellement son futur directeur. Michel Guilloux, son nouveau président, et le conseil d’administration renouvelé, ont la délicate mission de ranimer ce bel outil de valorisation du patrimoine cinématographique et audiovisuel régional.

Michel Guilloux est de retour dans le Paysage Audiovisuel Breton. Depuis début mars, il est le nouveau président de la cinémathèque de Bretagne. Ce pionnier de la production bretonne (il a fondé et dirigé Lazennec Bretagne de 1989 à 1998), membre fondateur de Films en Bretagne, (il en a dirigé le comité de rédaction en 2003 avant de prendre en charge l’Accueil des tournages en Bretagne de 2005 à 2008) avait quitté le milieu du cinéma et de l’audiovisuel en 2008 pour s’aventurer du côté de la politique au sein du cabinet du maire de Quimper.
Travaillant désormais comme chargé de mission à la médiathèque de Quimper, il a été élu à la présidence de la cinémathèque brestoise lors de l’Assemblée Générale du 28 février 2015. En espérant que ce renouveau permette à la structure finistérienne de sortir d’une crise dont on a pu craindre qu’elle ne fût fatale.

Comment se porte la cinémathèque ?

– Michel Guilloux : Je dirais qu’elle est en convalescence après deux ans d’un conflit entre administrateurs, direction, salariés et partenaires publics, qui a provoqué beaucoup de souffrance de part et d’autre. Depuis l’Assemblée Générale du 28 février à Locronan, ça redémarre doucement. Il faut panser les plaies. Le Conseil d’Administration est très largement renouvelé et constitué de gens neufs dont l’expérience devrait permettre de ré-enclencher une dynamique, de retrouver de la sérénité. Dans le nouveau bureau j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur Dimayale Vita, le nouveau trésorier, qui est aussi le trésorier de Côte Ouest ou Christian Ryo, le nouveau secrétaire, qui est aussi le directeur de l’EPCC Livre et lecture en Bretagne. Ils m’apportent tous deux leur grande expérience.

Y a-t-il des nouveautés dans le mode fonctionnement ?

– M.G. : Dans les statuts, il y aura désormais un conseil « scientifique et éthique » et un conseil de « surveillance » constitué de représentants des organismes financeurs : la Région Bretagne, la Ville de Brest, le Conseil départemental du Finistère, le CNC. Il fallait trouver une nouvelle organisation pour que nos partenaires publics soient davantage associés aux décisions concernant la gestion et les projets de la Cinémathèque. Ils étaient d’ailleurs présents à l’origine, au sein d’un collège des collectivités qui était tombé en désuétude.

Quels sont les enjeux prioritaires ?

– M.G. : La priorité des priorités est de trouver un nouveau directeur depuis le départ de Gilbert Le Traon. Le recrutement a démarré, les postulants sont nombreux. Nous allons bientôt commencer à recevoir les candidats. L’objectif est d’avoir un nouveau directeur opérationnel dès la rentrée.

D’autres chantiers ?

– M.G. : On n’en manque pas ! D’abord, il nous faut remettre les finances à l’équilibre. Pendant le conflit, l’outil a tourné au ralenti et donc engrangé moins de recettes. Les partenaires commençaient à douter et les subventions étaient souvent revues à la baisse.
Ensuite, nous devons conforter la place des antennes de Rennes et Nantes et reprendre bon nombre de dossiers dont certains sont quasiment gelés depuis 2012, comme celui de l’investissement, vital pour l’avenir de la Cinémathèque.
Nous devons également poursuivre nos missions de stockage et de numérisation. Entretenir un fonds de 27 000 films n’est pas simple. Certains films en pellicules sont menacés de destruction par le « syndrome du vinaigre ». Beaucoup de films doivent être numérisés ou re-numérisés dans les formats HD exigés aujourd’hui.

Et au niveau de l’accessibilité des archives ?

– M.G. : Il faut passer à une vitesse supérieure, améliorer rapidement notre vitrine, c’est vital. En quelques années, les usages ont changé et nous sommes en retard. Aujourd’hui, les professionnels, documentalistes et chercheurs, ont l’habitude de consulter directement les archives sur les sites de l’Ina, Gaumont, Ciclic ou autres. Nous devons pouvoir rendre le même service, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Mais ce changement des usages a modifié aussi le modèle économique. Cela signifie aujourd’hui moins de recettes et plus de dépenses. La Cinémathèque doit penser à de nouvelles ressources compensatrices.

Cela veut dire de nouvelles activités ?

– M.G. : Oui, et davantage de partenariats extérieurs avec des musées, médiathèques, universités et entreprises privées. Par exemple, nous espérons relancer les « Résidences documentaires ». L’idée est de permettre un travail d’exploration dans un territoire peu exploré en matière de films collectés comme celui de Redon, confluence de trois départements. Il faudra aussi renouer avec tous les partenaires avec lesquels les relations étaient devenues compliquées ou inexistantes et au premier chef, les producteurs de la région mais aussi Films en Bretagne, dont j’ai déjà partagé l’histoire et dans laquelle la Cinémathèque devrait reprendre sa place.

Avec tous ces projets, c’est une nouvelle vie qui commence pour vous ?

– M.G. : Non, je ne suis qu’un président de transition. Je ne veux pas m’installer. Je souhaite rester seulement le temps de remettre l’outil sur de bons rails et je crois que nous sommes bien partis pour réussir.

Propos recueillis par Philippe Baron

Légende photo : les membres du nouveau Conseil d’Administration de la Cinémathèque de Bretagne, Chantal Le Sauze, Michel Guilloux (Président), Philippe Guilloux, Véronique L’Allain, Christian Ryo (Secrétaire), Dimayale Vita (Trésorier), Jean-Claude Vallet, Fabrice Bassemon, Gilles Willems.

L’annonce de recrutement du directeur de la Cinematheque de Bretagne