Breizh Créative en AG : participez !


Le vendredi 2 octobre, aura lieu l’assemblée générale de Breizh Créative. Il s’agit d’une nouvelle étape importante dans la construction de cette plateforme expérimentale – culturelle, citoyenne, éducative – liée au territoire breton et à ses média, qui s’élabore collectivement et dont l’éclosion est imminente. A l’occasion de cette AG, nous republions l’article paru en mai dernier, à l’issue de la première consultation publique. 

Voici d’abord les informations essentielles pour participer à l’Assemblée générale qui aura lieu le 2 octobre, de 9 h 30 à 13 h, à l’Atelier d’Aran, 10, rue des Trente à Rennes. 

– Pour connaître l’ordre du jour et donner son avis, c’est ici

– Pour devenir membre et compléter le formulaire en ligne, c’est ici

– Pour s’inscrire à l’AG, c’est ici

– Pour consulter la page facebook de Breizh Créative, c’est ici

– Twitter : @BreizhCreative

– Une réunion des candidats au comité éditorial se tiendra le 2 octobre de 15 h à 17 h 30.

Breizh Créative en débat

Depuis plus de deux ans, la Région Bretagne, les télévisions locales, France TV, Brezhoweb, Breizh Créative et Films en Bretagne se rencontrent régulièrement autour d’un projet audiovisuel breton. En septembre 2014, la constitution d’une association a permis de lancer la préfiguration d’un nouveau média qui verra le jour début 2016. Les consultations publiques ont démarré le 18 mai dernier à Guidel où les discussions sont allées bon train.

Une soixantaine de personnes se sont retrouvées à L’Estran à Guidel. Pour l’essentiel, des professionnels de l’audiovisuel, du livre et de la lecture, et du spectacle vivant. Le président de Breizh Créative, aidé du conseil d’administration de l’association, a mené les débats, parfois vifs, qui ont fait émerger les propositions convergentes et les avis divergents. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, un court rappel des épisodes précédents.

Petit historique

C’est la publication Réinventons l’audiovisuel public, rédigée par Serge Steyer, qui a constitué le terreau sur lequel pousse Breizh Créative (BzC). L’idée a éclos de créer en Bretagne un média citoyen sur le web. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la décentralisation audiovisuelle voulue par le Conseil Régional de Bretagne. La collectivité a souhaité mettre tous les acteurs de la filière autour de la table, associant les télévisions locales (TVR35, Tébéo, Tébésud), France Télévisions (par l’intermédiaire de France 3), la web-tv Brezhoweb (qui travaille essentiellement en breton et diffuse ses programmes sur internet) et les associations, Films en Bretagne, Breizh Créative, Dizale et Daoulagad Breizh. Le projet audiovisuel – dont BzC est l’un des piliers – est né des échanges de tous ces partenaires.

Il sera financé par un nouveau Contrat d’objectifs et de moyens dont le budget a doublé (de 1,1 M€ à 2M€). Ce COM de trois ans devrait démarrer au 1er septembre 2015 avec l’ensemble des médias impliqués. Les contenus – pour certains coproduits – seront plus nombreux, plus diversifiés et plus conformes aux usages actuels des publics. Breizh Créative aura sa ligne éditoriale spécifique qui se veut participative, citoyenne et complémentaire du reste des programmes télévisuels, l’objectif premier étant de rendre visible le foisonnement culturel breton.

Le jeu des questions-réponses

Quels seront les différents thèmes développés sur la plateforme ? Quelle en est la ligne éditoriale?

Breizh Créative : Les thématiques doivent émerger des créateurs. Le but est de mettre en perspective des œuvres, aussi bien visuelles que sonores ou écrites, qui n’accèdent pas aux canaux de diffusion classiques. Par exemple, des films réalisés en atelier ou en autoproduction, dans des associations… Il y aura aussi des contenus spécifiques créés par Breizh Créative à la demande du comité éditorial et des internautes.

Quel sera le public de BzC ?

BzC : L’intention est de proposer des contenus populaires et exigeants, sans faire de populisme ni d’élitisme. L’investissement en fonds publics est conséquent et BzC se doit de faire ses preuves rapidement. Son succès se mesurera en nombre de clics, mais aussi et surtout en regard de la participation des internautes. Ils auront accès à de nouveaux contenus très régulièrement, seront invités à donner leur avis, et à faire remonter des découvertes.

Qui fera partie du comité éditorial de BzC ?

BzC : Il n’est pas encore constitué et la porte est grande ouverte. Il faut que ce comité soit composé au minimum de trois personnes. Le comité éditorial aura la mission de définir les thématiques à traiter. Il fera ses choix à partir des propositions qui viendront de l’ensemble des acteurs de la culture. Celles-ci feront ensuite l’objet d’un suivi de la part de l’équipe salariée qui se chargera d’éditorialiser ces thématiques en collaboration étroite avec les auteurs, les créateurs et les citoyens. L’engagement du comité éditorial sera bénévole.

Quelle sera l’ergonomie du site de BzC ?

BzC : Les recrutements et la construction du site s’échelonneront de septembre à décembre 2015. La plateforme sera accessible à partir de début 2016. Plusieurs partenaires ont été consultés mais rien n’est encore défini. Nous menons actuellement une veille sur l’existant et appelons les personnes de la communauté à nous faire des suggestions. Notre première source d’inspiration en matière d’ergonomie, c’est le site d’Arte future mais d’autres références sont en cours d’identification.

Les acteurs du numérique et de l’Education nationale sont-ils présents aujourd’hui pour échanger sur ce projet collectif ? 

BzC : Plusieurs personnes œuvrant dans le numérique ont été consultées comme Jean-Marie Le Gall, chef de Projets numériques et auteur d’une étude préalable au développement de BzC, et Patrice Roturier, directeur de l’Université Electronique de Bretagne. Plusieurs autres pistes sont évoquées, notamment celle de la French Tech. Il y a certes un manque. C’est pourquoi le conseil d’administration de BzC sera remodelé d’ici à septembre et des appels à candidature lancés en direction des professionnels du numérique en Bretagne. Quant au secteur éducatif, un rapprochement a déjà été opéré avec le Master Numic de l’Université de Rennes 2.

Comment inscrire les actions des bibliothèques et l’univers du livre dans la dynamique de BzC ?

BzC : C’est en participant à l’élaboration des contenus que chacun pourra déceler des convergences avec des thématiques traitées. Par exemple, une sélection d’ouvrages pourrait être effectuée par les libraires et les bibliothécaires et venir enrichir une thématique. Les partenaires et les créateurs qui le souhaitent pourront être accompagnés pour collecter de la matière et la mettre en forme. Il y a un cheminement pédagogique à trouver auprès des citoyens et des structures qui n’ont pas accès ou n’ont pas le temps de s’investir dans un média.

Quid des minorités linguistiques et du public empêché ? Les contenus seront t-ils accessibles à tous ? Y aura t-il des programmes en langue bretonne, en audio-description, en langage des signes ?

BzC : La plateforme est par définition un média ouvert à tous les citoyens. De ce fait, la langue bretonne aura sa place, même si la discrimination positive ne semble par de rigueur pour les bretonnants. Quant aux contenus adaptés aux personnes mal-entendantes ou non voyantes, ils feront l’objet d’une attention particulière au moment de concevoir l’ergonomie du site.

Le jeune public aura t-il aussi sa place dans la ligne éditoriale ?

BzC : Les enfants ont déjà leur place dans les vidéos qui sont postées sur le fil BreizhCréative. Mais la réflexion sur ce sujet n’a pas encore été menée.

www.youtube.com/watch?v=_68YLmYnW7U

BzC a-t-elle vocation à produire et à diffuser des œuvres ? A générer de l’emploi ?

BzC : Lors des trois années à venir, le Conseil régional de Bretagne et l’Etat injecteront 300 000 € de fonds publics par an dans l’expérimentation de la plateforme. BzC coproduira chaque année deux web-documentaires. Ce volet représentera 25 000 euros sur un budget de 80 000 euros par an dédié à la création. Le reste de ce budget sera consacré à l’achat de droits d’œuvres, de piges spontanées ou sollicitées pour les besoins de la plateforme. Deux personnes seront embauchées à l’administration et à l’animation de la plateforme. Deux autres personnes, non permanentes, assureront la direction éditoriale, la mise en œuvre des thématiques et l’accompagnement des créateurs sur le terrain.

Breizh Créative ne constitue pas un eldorado financier mais ouvre des portes aux créateurs. La pérennité financière du projet dépendra des subventions mais aussi d’autres apports publics (villes d’accueil) et privés, de type mécénat. Les contenus seront accessibles gratuitement.

La plateforme aura t-elle les mains libres en étant financée par l’Etat et la Région ?

BzC : Jusqu’à ce jour, il n’y a pas eu d’ingérences de la part de la collectivité dans la définition de la ligne éditoriale de Breizh Créative. Néanmoins, sur des sujets politiquement délicats comme celui de Notre-Dame-des-Landes, BzC se devra d’être impartiale en faisant entendre et se croiser les différents points de vue.

Pauline Burguin

Envies et craintes

Plusieurs participants ont pris la parole pour exprimer des envies, des propositions et des doutes.

Une représentativité équilibrée des créateurs de Bretagne est fortement attendue, qu’ils soient des villes ou des campagnes, amateurs ou professionnels. S’est aussi exprimée l’envie de mettre les autoproductions sur le même plan que les œuvres subventionnées.

La proposition de valorisation et de mise en regard des films réalisés sur le territoire au travers de making-of ou de rushes inutilisés a fait l’unanimité.

Des doutes se sont fait jour sur la répartition du budget existant. N’y a-t-il pas un déséquilibre entre la part consacrée à la création et celle destinée à rémunérer les salariés ? L’équipe recrutée ne risque t-elle pas d’être submergée par l’ampleur de la tâche : entre les propositions et la recherche de contenus, la fabrication, l’éditorialisation, l’animation du site et la recherche de financement ?

Quid de l’articulation entre citoyenneté et altérité ? A l’échelle du territoire breton, les citoyens s’emparent aussi des questions géopolitiques. Actuellement, des réfugiés politiques, des Syriens, des Kurdes, essayent depuis la Bretagne de faire vivre leur culture, leur littérature, leur histoire. Certains participants ont plaidé pour que les citoyens de Bretagne mettent aussi leur grain de sel dans les sujets internationaux.

En conclusion, laissons la parole à l’un des intervenants : « L’heure est venue, non plus de réinventer, mais de se réapproprier l’audiovisuel public. »

P.B. 

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