Claude Chabrol avait promis de revenir prochainement tourner en Bretagne, une région qui ne déparait pas dans sa filmographie. Nous avons appris dimanche qu’il ne viendrait pas. Alors, pour nous consoler, le réalisateur Olivier Bourbeillon, qui eut le plaisir de le filmer à plusieurs reprises, nous livre quelques souvenirs.

Chabrol vient de clore le film de sa vie.

J’ai eu la chance de le croiser à plusieurs reprises. La première fois, c’était pour un portrait de Marc Behm dans lequel il était question de la difficulté d’adaptation des romans de cet écrivain et scénariste américain. Il avait toujours rêvé de réaliser un scénario de Behm : Atrox. Particularité du projet qui lui fut fatale : cela aurait été un film muet !

Bien sur, nous parlions de la Bretagne où il fit cinq films et parmi ses meilleurs, de Que la bête meure jusqu’à La Cérémonie sans oublier le petit chef d’oeuvre que fut Les Fantômes du Chapelier avec le duo étonnant Serrault/Aznavour.
La Bretagne encore quand pour notre série documentaire Album dans laquelle il commente comme jamais une photo de Robert Demachy… pleine d’émotion rare.
En 2004, pour le documentaire Grand Manège qui lui était consacré, nous avons organisé une rencontre avec quelques uns de ses proches, un moment avec des airs de faux repas d’anniversaire. Quand vous sollicitez un acteur « chabrolien », ils disent tous oui. Des souvenirs et que des bons sur cette journée prétexte à un film. Ah, Suzanne Flon… Michel bouquet qui se révèle un vrai gamin face au MAÎTRE ! Des regrets ? Oui. Celui de ne pas avoir pu filmer (les calendriers !) Isabelle Huppert avec lui. C’était prévu autour d’un piano…

Retenons de lui son goût pour le CINEMA, son énergie, sa disponibilité et (va t’on dire un gros mot ?) : sa gentillesse. Mais, attention, un Chabrol peut en cacher un autre ! Pas si facile de le pousser dans sa vérité ; l’homme est très pudique et il faut se méfier des apparences. Certes bon vivant, il a profité et abusé de cette réputation au point d’être le cinéaste le plus connu physiquement des Français. Mais il recherchait autre chose le Chabrol : revoyez ses films où la nature humaine est décrite assez durement, contrastant avec sa bonhomie de façade.
J’arrête la ; l’homme détestait le sentimentalisme.
Pour nous qui faisons des films, retenons cette idée qu’il mit en application dès 1959 : travaillons sérieusement sans se prendre au sérieux ; et une dernière sentence pour la vie tout court : la recherche du bonheur est une preuve d’intelligence…
Rideau.
OB
> En hommage à Claude Chabrol, Ty Télé, TV Rennes et Tébéo rediffusent Grand Manège, jeudi 16 septembre à 20h40.

Photos du tournage de Grand Manège avec l’aimable autorisation de Paris-Brest Productions