Un peu plus de 30 ans après sa création, la revue du court métrage lance un nouvel abonnement qui permettra à ses adhérents d’accéder en ligne à une sélection de films courts. Jacques Kermabon, rédacteur en chef de la publication, revient sur l’aventure de Bref, et sur cette nouvelle orientation qui sera effective début décembre. Ces évolutions intéressent la Bretagne, terre de court métrage s’il en est ! 

 

– Films en Bretagne : Bref et vous, c’est une longue histoire ?

– Jacques Kermabon : Tout a démarré pour moi en 1984. François Ode, le créateur de l’agence du court métrage, dont il était le directeur à mon arrivée, a voulu donner naissance à une véritable revue du court, destinée aux adhérents mais aussi accessible en librairie. Jusque là il n’existait qu’un journal interne. François me connaissait pour mon travail de critique de cinéma, il a fait appel à moi pour développer le projet.

– Comment a évolué la revue depuis votre arrivée ?

– J.K. : Au départ, il s’agissait seulement de quelques feuillets A4, puis la revue s’est rapidement étoffée. Nous avons vu se développer les courts métrages, que nous avons toujours considérés à Bref comme des films à part entière. Les articles sont devenus plus denses, nous parlions cinéma à travers le prisme du court. D’une équipe de pigistes nous sommes passés à une équipe de permanents. La revue trimestrielle a atteint une centaine de pages auxquelles nous avons joint un DVD regroupant 5 ou 6 films.

– Quelle est la ligne éditoriale de Bref ?

– J.K. : Bref a toujours été une formule hybride, à la fois à l’adresse des professionnels, que nous renseignons, par exemple, sur les systèmes de production, les aides, les décisions politiques inhérentes au cinéma, et une revue de cinéphiles, avec des portraits d’auteurs, des chroniques de films, ou encore des reportages, comme celui écrit dernièrement sur les web-séries. Cependant, avec la mise en ligne des courts métrages, les choses vont changer.

– En quoi ?

– J.K. : Nous avons décidé de consacrer une revue semestrielle aux cinéphiles, et d’adresser toutes les deux semaines une newsletter aux professionnels. En ce qui concerne les courts métrages en ligne, 70 films seront accessibles dès le premier mois sur la plateforme, auxquels nous ajouterons 3 nouveaux films chaque semaine.

– Comment va s’effectuer la sélection des films ?

– J.K. : Les 70 films mis en ligne à l’ouverture sont avant tout des films que nous avons aimés au sein de Bref. Ils ont été vus en festival ou adressés directement à la revue. Ensuite, chaque lundi nous ajouterons un classique, chaque mercredi un court métrage d’un cinéaste qui est à l’affiche pour la sortie d’un long, et le week-end, une nouveauté. Nous chercherons aussi à faire un lien entre les articles proposés dans la revue et les films mis en ligne.

– Comment allez-vous financer l’opération ?

– J.K. : pour l’effort de lancement, nous avons démarré une campagne Ulule. Par ce biais, il y a possibilité de s’abonner à la plateforme et à la nouvelle formule de la revue au prix préférentiel de 4 euros par mois.
Dans son fonctionnement, Bref continuera d’être financé par les abonnements, la publicité, et l’agence du court métrage. Les droits des films sont soumis à des tarifs évolutifs en fonction du nombre de visionnements. Suivant les sessions de droits, tous les films ne pourront pas rester en permanence en ligne, même si beaucoup d’entre eux seront visibles sur le long terme.

– Êtes-vous confiant dans ces évolutions ?

– J.K. : Au départ de Bref, personne n’imaginait que la revue susciterait un tel engouement. Nous comptons aujourd’hui environ 1500 abonnés et 130 contributeurs Ulule soutiennent déjà la nouvelle formule. Nous avons beaucoup écrit sur le court métrage, avec cette idée que la critique était un art d’aimer. Nous allons maintenant pouvoir montrer les films qui donnent sens à notre métier. Donc, oui, je suis confiant.

Propos recueillis par Yves Mimaut