Nous avions fait la connaissance d’Arnold de Parscau, il y a un peu plus de deux ans. Alors étudiant à l’Esra Rennes, il venait de gagner un concours mondial, lancé sur internet par le réalisateur David Lynch pour choisir le court métrage qui illustrerait son dernier clip musical. Aujourd’hui, le cinéaste breton confirme, en bouclant à 24 ans…. son premier long-métrage de fiction ! Vous pourrez découvrir son film  »Ablation » sur les écrans, l’année prochaine. Premières impressions d’un jeune réalisateur, apparemment guidé par une bonne étoile cinématographique…

– Que s’est-il passé pour vous entre la sortie de l’Esra (1) et ce film ?

– Arnold de Parscau : j’ai travaillé à l’écriture de projets personnels, notamment un court-métrage. Courant 2012, je reçois un coup de fil de Benoît Delépine, de Canal Plus, réalisateur, entre autres, de Mammuth. Il me dit qu’il a vu mon clip réalisé pour David Lynch, qu’il cherche de jeunes talents à la réalisation, et qu’il aimerait que je fasse le film dont il est en train d’écrire le scénario. Sans savoir alors s’il s’agissait d’un moyen ou d’un long métrage, pour la télé ou pour le cinéma. J’ai d’abord cru à une blague ! D’abord parce que j’admire beaucoup Benoît, j’aime son travail. Et puis on s’est rencontrés, j’ai adoré son histoire. C’est un univers noir, un thriller étrange, avec un soupçon de comique.

– Peut-on connaître le pitch, sans tuer le suspense ?

– ADP : c’est l’histoire d’un type qui se réveille un matin dans un terrain vague, et qui ne se souvient de rien. Puis il se découvre une cicatrice : sa copine chirurgienne lui apprend qu’il s’est fait voler un rein. C’est le récit d’une lente descente aux enfers, le rein absent symbolise la perte de sa raison. Tout l’enjeu du film, c’est de savoir s’il va retrouver ce rein qu’il veut absolument récupérer….C’est un road movie noir et drôle, un univers très particulier, un peu inspiré de Lynch ou de Polanski.
– Dans quelle veine vous situez-vous, film d’auteur ou mainstream ?
– ADP : la seule chose que je sais, c’est que c’est un film très atypique, qui ne ressemble à rien d’autre, avec des personnages complètement fous, des situations extravagantes. Sans verser pour autant dans le fantastique. S’il y a quelques scènes de rêve, il n’y a rien d’irréaliste ou d’impossible.

– Comment s’est déroulée la production ?

– ADP : le producteur de GMT, Jean-Pierre Guérin, a dit oui assez vite au projet, et a bien voulu me faire confiance. Puis Canal Plus a suivi fin 2012, et le distributeur Ad Vitam s’est également engagé. Le casting est superbe : Denis Mélochet en acteur principal, et aussi Virginie Ledoyen, Yolande Moreau, Philippe Nahon et Florence Thomassin. Tout est allé très vite, c’est impressionnant ! Je ne m’en remets toujours pas… si bien qu’en juin 2013, nous en étions au tournage, et le film est en cours de montage actuellement. Nous serons prêts d’ici la fin de l’année, pour une sortie sur les écrans courant 2014.

– Qu’est-ce qui vous a paru le plus difficile dans cet exercice nouveau ?

– ADP : il a fallu gérer un temps de tournage très court, 28 jours, avec beaucoup de décors et de situations différentes. C’était une énorme pression de temps. Mais malgré la trentaine de personnes sur le plateau, je me suis senti à l’aise au point de vue technique, prise de vues, lumière, également au montage. Par contre, je n’avais que très peu d’expérience en matière de direction d’acteurs et j’ai beaucoup appris ! Les comédiens ne m’ont jamais regardé de haut, ils ont été très agréables, m’ont fait des propositions, quelques improvisations…

– C’est sûrement compliqué d’avoir du recul sur votre film alors qu’il n’est pas fini, mais que ressentez-vous aujourd’hui par rapport à cette expérience ?

– ADP : je suis très très fier de ce travail. Je sais que Benoît Delépine est content. Dans tous les cas, c’est un film vraiment atypique ! J’assume complètement son univers, je m’y retrouve vraiment. Je mesure la chance inouïe que cela représente, à 24 ans… Et je sais bien qu’il est beaucoup plus difficile de faire un deuxième film qu’un premier. J’espère du fond du coeur qu’il sera bien reçu…

– Avez-vous d’autres projets en route ?

– ADP : j’ai écrit un court métrage intitulé Le Domaine des Etriqués, qui a décroché une bourse, le prix Eric Jean, de 30 000 euros. Je vais le tourner entièrement en Bretagne, dans le Finistère, sans doute d’ici à la fin de l’année. Je continue à partager mon temps entre Paris et la Bretagne, que je ne perds pas de vue. Ma famille paternelle est originaire du Finistère, et j’ai vécu à Saint Malo, j’y reste très attaché.

Propos recueillis par Brigitte Chevet
(1) Ecole Supérieure de Réalisation Audiovisuelle
Photo en Une : Arnold de Parscau (à gauche) sur le tournage de  »Ablation »