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Du 14 au 17 juin, la délégation bretonne arpente les allées du festival international  du film d’animation d’Annecy. Au menu d’une des dernières réunions de préparation des auteurs et techniciens du collectif Caravanim’ : validation du catalogue Anim’ en Bretagne et rigatoni al baccalà e cipolla, suivant une recette vénitienne. Retours sur les coulisses des préparatifs par Thomas Mauceri.

Depuis 2012, les professionnels bretons de l’animation, réunis en collectif sous la bannière Anim’ en Bretagne, investissent le MIFA (le marché du festival d’Annecy) pour faire connaitre le potentiel créatif et technique régional en matière d’animation. Cette année encore, auteurs, réalisateurs, techniciens, producteurs, prestataires, acteurs associatifs, représentants des collectivités territoriales font le déplacement. Parmi eux Benjamin Botella, Anna Deschamps, Hugues Brière et Jean-Marc Ogier (1) se joignent à la migration annuelle. « Il s’agit de faire valoir les compétences et la diversité de ce qu’on fait ici pour inciter de nouveaux réalisateurs à venir développer leurs projets dans la région et favoriser l’essor du secteur » explique Emmanuelle Gorgiard (2) en préparant le dîner qui accompagne cette dernière réunion. « Et c’est dans ce but que, comme les autres années, on édite le livre des techniciens bretons qui met en valeur les films sur lesquels on a travaillé. » Il exposera en un large panorama ce qui se fait de mieux en termes d’animation bretonne. En plus d’être beau, l’objet est original puisqu’il peut se lire dans les deux sens. D’un côté, on y trouve les films réalisés en stop-motion. De l’autre, les films en 2D et 3D.

ANIMenBRETAGNE

L’objectif de la soirée est de valider la mise en page du livre, le visuel de couverture créé par Benjamin et la liste des films. Tous n’y figureront pas, et c’est un crève-cœur que de choisir. Deux partis pris sont adoptés. Celui qui consiste à mettre l’accent sur les œuvres sélectionnées au festival comme Pigeons & Dragons de Nicolas Rendu, série fabriquée à Rennes dans les studios Personne n’est parfait !, dévoilée au Work In Progress TV, le dernier opus de Paul Cabon Le futur sera chauve, produit par Wag prod ou encore La petite casserole d’Anatole d’Éric Montchaud produit par JPL Films, tous deux projetés dans le cadre du cycle dédié à l’animation française.

Le deuxième parti pris est de conserver les films les plus emblématiques de l’histoire de l’animation bretonne. « Il s’agit de raconter l’histoire et l’évolution de l’image animée en Bretagne » explique Benjamin Botella. « En près de vingt ans, le territoire breton est devenu un véritable vivier de talents en matière d’animation. Que ce soit dans la fabrication, la réalisation ou la post-production. Et tous ces films sont là pour le rappeler. » Évidemment les films L’Homme aux Bras Ballants de Laurent Gorgiard ou Le Cyclope et la Mer de Philippe Jullien font l’unanimité au sein de la petite troupe. Ces œuvres historiques ont glané des récompenses dans les festivals du monde entier. Et la diversité de leurs approches artistiques donnent une idée assez précise du savoir-faire à la bretonne. Scénaristes, fabricants, dessinateurs, décorateurs, animateurs, réalisateurs, etc, chaque corps de métier s’est aiguisé au fil des années grâce au dynamisme du secteur dans la région. Et Anim’ en Bretagne compte bien valoriser la maestria bretonne.

Après deux heures de débats, le choix des films est opéré. Reste à valider la mise en page de l’objet-livre. Chaque détail est âprement débattu. Le choix des images est particulièrement important. Faut-il mettre des photos du film ou des photos de sa fabrication ? Quelle taille et quel emplacement leur donner ? Des choses a priori anodines sont discutées avec passion, jusqu’à la marge pour séparer distinctement les images des différents films. À chaque fois, l’objectif est le même : mettre en valeur les productions cinématographiques bretonnes, le dynamisme du secteur et montrer le potentiel créatif et économique de la région.

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Les rigatoni al baccalà e cipolla sont enfin prêtes. « Pour 500 grammes de pâtes, il faut 600 grammes de morues. Trois oignons moyens et trois pincées de cannelle. Une bonne poignée de pistaches au naturel. Et puis ail, laurier, persil, huile d’olive, sel poivre. » Pendant qu’Emmanuelle Gorgiard dévoile sa recette, Hugues Brière et Anna Deschamps évoquent un autre type de composition. En parallèle de leur livre, le collectif a construit deux « vitrines » pour le stand breton du Mifa. Chacune contient les éléments de fabrication d’un film d’animation en volume : le décor, le ou les personnages, les accessoires. Elles montrent concrètement aux professionnels et au public le travail effectué sur les séries en cours. L’une est consacrée à L’homme le plus petit du monde de Juan Pablo Zaramella (3), la seconde à Pigeons et Dragons.

Fin d’une réunion particulièrement intense. « Reste à savoir comment on se répartit dans les chambres ! » lance Jean-Marc Ogier. Éclats de rire général. C’est aussi ça le résultat de l’excellente dynamique du cinéma d’animation en Bretagne : toutes ces années de travail ont soudé ces techniciens habitués à travailler ensemble sur les productions régionales. Une vraie complicité est née en même temps qu’un savoir-faire unique. Et la complémentarité des uns et des autres se ressent dans la manière de préparer cette édition 2016 du festival d’Annecy. « Notre idée c’est aussi que l’initiative bretonne lance une dynamique nationale » explique Benjamin Botella. « Les autres ne se connaissent pas autant et ne sont pas aussi fédérés que nous le sommes ».
« Faut aussi décider qui conduira le camion ! » rigole encore Jean-Marc Ogier. La conquête d’Annecy par les bretons démarre dès mardi 14 juin.

Thomas Mauceri

(1) Benjamin Botella est chef Layout, chef animateur, auteur et réalisateur, il a récemment réalisé la web-série Coquilles diffusée sur Studio 4 ; Anna Deschamps travaille à la fabrication de décors, d’accessoires et de marionnettes pour des films d’animation en volume ; Hugues brière est également décorateur, il s’apprête cette année à réaliser un premier court métrage dont il est l’auteur ; Jean-Marc Ogier est chef décorateur de nombreux films et séries, il vient d’achever avec son équipe rennaise les décors de la série de Nicolas Rendu Pigeons et Dragons.

(2) Emmanuelle Gorgiard est auteure, réalisatrice et décoratrice. Associée pendant plusieurs éditions du festival à la délégation bretonne, Emmanuelle profitera cette année du festival pour voir des films et accompagner la délégation en dehors des allées du marché.

(3) série en cours de production chez JPL Films. Une coproduction Les Films de l’Arlequin – JPL Films – Cancan Club


Les temps forts du festival

Avant-première mondiale de Louise en hiver !

 

Mais cela a parfois du bon

Le premier long métrage produit en Bretagne par la société JPL Films, Louise en hiver de Jean-François Laguionie sera projeté en avant-première pendant le Festival.

Une exposition au musée du Château d’Annecy fera la part belle au réalisateur et présentera les notes, croquis et peintures du film. S’ajoute à ces événements, la dédicace d’un livre co-édité par le musée-Château d’Annecy et JPL Films, mélant récit biographique, analyse de l’œuvre pas à pas, témoignages de compagnons et croquis, dessins, peintures, recherches graphiques ou encore décors de chacun des films (jusqu’au dernier Louise en hiver) de Jean-François Laguionie.

Long métrage de Jean-François Laguionie – 2015. Une coproduction JPL Films – Unité Centrale, Tchack, Arte, avec la participation de Canal +, Ciné +, TVRennes, Tébéo et Tébésud.Avec le soutien du Breizh Film Found, de la Région Bretagne, du CD22 et de Rennes Métropole. Distribution : GEBEKA Films, Films Distribution.

Le travail de l’auteur et cinéaste Jean-François Laguionie sera exposé à de multiples endroits avec :

• la projection du documentaire de Jean-Paul Mathelier, Le Rêveur éveillé. Projections le 15 et 17 juin dans le cadre de l’hommage à l’animation française. Une production JPL Films– Tébéo – TébéSud – TVR.

• une rétrospective de deux de ses courts-métrages : La traversée de l’Atlantique à la rame (1978, 21 min. Une production Médiane Films / INA – Institut National de l’Audiovisuel) et La demoiselle et le violoncelliste (1965, 9 min. Une production Les Films Paul Grimault / ORTF).

Autres sources de fierté pour le secteur breton de l’animation :

Les films Le Futur sera Chauve de Paul Cabon et Colocataires de Delphine Priet-Mahéo sont en lice pour le Prix André Martin.

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