Doc’Ouest a ouvert le premier chapitre d’un débat sur les mécanismes de soutien à la filière audiovisuelle dans les régions. L’opportunité d’un coup de projecteur introspectif pas si simple !

Décentralisation, transferts de charges et de compétences, gel de dotations et de ressources fiscales. De nombreux élus locaux tirent la sonnette d’alarme dans les régions et les départements face aux profonds changements qui les attendent en 2011. Ils expérimenteront une nouvelle fiscalité marquée par la disparition de la taxe professionnelle alors que la réforme territoriale entrera en application. La perspective de cette zone de turbulence a mis en alerte les différentes filières soutenues par des politiques publiques. Celle de l’audiovisuel réclame, par exemple, une remise à plat des mécanismes d’aides à la production des collectivités territoriales, 15 ans après leur création et alors qu’elles sont en cours d’évaluation au risque de fondre. Comment seront redistribuées les « parts » ? Dans quelle intention ? Auteurs, producteurs, diffuseurs s’interrogent de façon légitime sur leurs prochaines relations avec les politiques publiques alors que le secteur est lui-même en mutation grâce aux médias numériques et à leur souffle innovant. Alors que les sociétés de productions aspirent à leur développement ; alors que les télédiffuseurs se posent en commanditaires. La collectivité doit-elle seulement subventionner ou prendre une part plus active dans ses partenariats à la production ? Quelles seront les priorités : favoriser la création ? Maintenir ou développer la filière ? Inciter l’accueil de tournages générant de fortes retombées économiques et d’image ? Les aides régionales suscitent de nouvelles convoitises et il semble opportun d’évaluer leur efficacité. N’est-ce pas le bon moment aussi de s’interroger sur l’impact économique, culturel et éducatif de la filière dans le développement d’un territoire ?

Les Rencontres Doc’Ouest ont ouvert le débat le 24 septembre, à Pléneuf-Val-André. Un premier acte qui en appelle d’autres, le 18 novembre à Bordeaux et le 15 décembre à Vendôme. « Chaque région n’a pas la même histoire, nous devons partager les expériences. Ce cycle d’échanges devrait permettre de poser un diagnostic pour que nous puissions nous-même faire des propositions aux collectivités », annonçait Serge Steyer, directeur de Films en Bretagne. Ces réflexions vont nourrir la rédaction d’un document partagé entre FeB et les agences régionales du Centre (Centre Images) et d’Aquitaine (Ecla). Une enquête sur l’impact économique des tournages en Aquitaine livrera ses conclusions en avril 2011.

Ambiance Polac

Alors que les esprits flottaient encore dans les brumes matinales de la côte de Penthièvre, la tonalité du débat n’a pas tardé à mettre la salle en éveil. Ce vendredi matin à Doc’Ouest était presque digne d’un samedi soir à l’époque de Droit de réponse, l’émission de télévision souvent houleuse animée par Michel Polac ! Le coup de projecteur que la filière tente de faire sur elle-même manque encore de netteté, des modèles divergent, les relations entre auteurs, producteurs et diffuseurs sont complexes et parfois nouées par des conflits d’intérêts. Des attributions de dotations sont contestées et des disparités régionales subsistent…

Films en Bretagne publiera bientôt des morceaux choisis de cette matinée de débats.
Marguerite Castel

Photo Didier Goupy, avec, de gauche à droite :

Guillaume Esterlingot, chef du service Images et création numérique, Région Bretagne
Jean-Raymond Garcia, Directeur Pôle Cinéma & Audiovisuel à l’ECLA Aquitaine
Franck Delaunay, producteur en Bretagne
Serge Steyer, directeur de Films en Bretagne
Christian Provost (Vice-président du Conseil général des Côtes d’Armor, en charge de la culture)
Juliette Prissard, déléguée générale du SPi
Emmanuel Porcher, Directeur de l’EPCC Centre Images