De début septembre à mi-décembre 2010, la société de production allemande Bavaria Fernsehproduktion s’est installée dans le Finistère pour y tourner en 72 jours les quatre épisodes de Vagues sauvages, série de fiction destinée à la ZDF, chaine publique de télévision diffusée dans toute l’Allemagne.

Il s’agit d’une saga familiale, sur fond d’intrigue policière, réalisée par Ulli Baumann.

Produit par une société étrangère et destiné uniquement à une diffusion outre Rhin, le programme n’était pas éligible au fond d’aide de la Région Bretagne. Cela n’a pas empêché plusieurs collectivités de lui apporter un soutien logistique. Accueil des tournages en Bretagne, le service gratuit d’aide aux productions de la Région Bretagne s’est mobilisé dès avril, la Ville de Quimper, sollicitée peu de temps après, a accompagné la production dès les débuts de la préparation.

Ces partenariats ont été bénéfiques pour toutes les parties, et la production a même accepté d’ouvrir ses livres de comptes pour une estimation des dépenses locales. D’autres effets seront également à estimer dans quelques mois, ceux liés à la découverte de notre territoire par le public allemand et aux éventuelles visites des téléspectateurs devenus des touristes.

Premier tournage de cette importance à Quimper et en Cornouaille, Vagues sauvages va servir de base à la mise en place au sein de la Mairie de Quimper d’une politique d’accueil des tournages assortie d’un Guide pratique. Michel Guilloux, chargé de mission au Cabinet du Maire, et par ailleurs ancien responsable du bureau d’accueil des tournages de Bretagne nous présente l’expérience telle qu’il l’a vécue en interne.

Comment se sont passés les premiers contacts ?
Il y en a eu par deux biais. Accueil des tournages en Bretagne m’a informé du projet dès le mois de mai, et la production a pris contact avec la Mairie, sans savoir à qui s’adresser, très peu de temps après. Leur demande a été tout de suite transmise au Cabinet du Maire. De par mon passé professionnel, vu l’importance du tournage, j’ai proposé d’être le référent. La production avait donc un seul interlocuteur à même de dialoguer avec elle, de recueillir les demandes, de les faire suivre aux bons services et de coordonner les réponses. La Direction générale a informé tous les directeurs et responsables de services que la production pouvait avoir des besoins de tous ordres et que la coordination se ferait au Cabinet. Une réunion a même été envisagée entre les différents services et la production du film pour faire connaissance et passer en revue les demandes mais elle n’a pas pu se tenir car la préparation a commencé en plein cœur de l’été.

Quels ont été vos premiers axes d’intervention ?
Nous nous sommes beaucoup mobilisés pour les aider à trouver des bureaux de production, un local pour la décoration, une base de stationnement pour les véhicules techniques. L’idée était de fixer l’équipe sur le territoire de la commune ou de la communauté de communes. Même si Quimper n’accueille qu’une douzaine de jours de tournages, le fait que la base logistique y soit implantée en a fait le lieu de résidence de la majorité de l’équipe, générant des retombées économiques importantes.

Quelles ont été les aides de la Ville ?
La Ville a mis à disposition plusieurs décors dont un des décors principaux du film, notre médiathèque, transformée en Institut d’Archéologie de Bretagne, mais aussi des salles pour les castings ou des locaux annexes aux tournages. Elle s’est occupée de concilier les besoins de la production et la vie ordinaire de la cité : gestion des travaux, accès aux commerces, régulation du stationnement et de la circulation… Elle a également fourni un barnum pour la prise de repas de l’équipe. Les coûts internes de nos interventions sont estimés à 8 000 euros, Le Bureau municipal doit statuer prochainement sur une possibilité d’exonération du paiement de ces prestations

Quel serait votre premier bilan de cette collaboration ?
Cette série télévisée est un projet important, et bénéficie d’un budget adapté au type de programme. Le dialogue était facile car les deux parties travaillaient dans des conditions normales, et d’écoute réciproque, avec le personnel nécessaire à la mise en œuvre du projet. C’est un bilan très positif pour la collectivité qui a eu la chance de travailler sur un projet sérieux et qui va mettre la Cornouaille en valeur auprès d’une de nos cibles touristiques

Avez-vous vous dû refuser des choses ?
On nous a annoncé un changement de programme et demandé un vendredi de prendre des arrêtés pour le lundi suivant. Ceci était impossible, tant techniquement qu’administrativement. Le délai était trop court pour prévenir la police, la presse, les services de secours, de transport… Notre refus a été compris et la production en a profité pour se réorganiser et repenser sa préparation. Par contre, lors des aléas dus à la météo, aux mouvements sociaux et aux manifestations, nous nous sommes adaptés dans des délais brefs et il y a eu des reports de dates.

Etes-vous prêts à renouveler l’expérience ?
Certainement. Une réunion de bilan est prévue avec la production et les services. Début 2011, nous finirons d’élaborer une politique d’accueil de tournage pour Quimper et de rédiger un Guide pour l’accueil des tournages au sein de notre collectivité, largement inspiré d’autres exemples français et des travaux coordonnés par Film France, le réseau national des Commissions du Film. J’espère que Quimper sera repérée désormais comme une ville « film friendly ».

Vagues sauvages en chiffres

Hébergement : 210 000 euros
Dont hôtels, location de maisons et appartements à Quimper et sur les côtes du sud Finistère.

Dépenses équipe et comédiens : environ 120 000 euros.
Il est raisonnable de penser que la totalité des défraiements repas et probablement plus sont dépensés sur place.

Locations de décors, matériel déco et régie, véhicules et prestations diverses : environ 250 000 euros
Location de décors et prestations liées à ces décors ( location de grue ou de WC, sécurité, nettoyage, etc.), location véhicules etc.

Embauche locale : environ 350 000 euros
Dont techniciens, figuration et certains rôles secondaires.

Parmi les techniciens, on compte 1 repéreur / régisseur et une assistante de production de juin à décembre, 3 personnes de fin août à décembre (décoration et assistanat réalisation) et de nombreux renforts allant de quelques semaines à une ou deux journées (renforts construction, déco, maquillage, costume, etc.) sans oublier 3 stagiaires (construction, déco et mise en scène).

En tout, cela représente 34 techniciens de la région, auxquels il faut rajouter 11 comédiens (26 cachets) et 524 cachets de figurants.
La totalité de ces dépenses atteint donc environ 900 000 €, soit environ 17 % du budget global de la série qui avoisine les 5,1 millions d’euros.

Autre partenariat local
La société de production Paris-Brest (basée à Brest) à joué le rôle d’une production de services avec l’administration des professionnels français (techniciens, figuration et comédiens) et a également offert du conseil notamment pour les embauches et les spécificités liées à un tournage en France.

Lieux de tournage :
Finistère : Pointe de Lostmac’h à Crozon, Pointe de La Torche, Plomeur, Pointe du Millier, Pont-Aven, Beuzec Cap Sizun (pointe du Van et pointe de Brézellec), Cléden Cap Sizun, Quimper, Fouesnant, Douarnenez & Tréboul, Sainte-Marine, Brest ; Morbihan : Carnac.

Propos et éléments recueillis par Catherine Delalande

Très sincères remerciements à Michel Guilloux, Mairie de Quimper et à Carolin v. Fritsch, Directrice de Production et Mado Le Fur, assistante de production, Bavaria Fernsehproduktion GmbH.
Crédit photo : Ville de Quimper / Pascal Perennec.